25/11/2012

602. La nuit - Ces pudeurs de l'esprit - Tu m'aimais moins

LA NUIT


Nuit sainte, les amants ne vous ont pas connue
Autant que les époux. C'est le mystique espoir
De ceux qui tristement s'aiment de l'aube au soir,
D'être ensemble enlacés sous votre sombre nue.

Comme un plus ténébreux et profond sacrement,
Ils convoitent cette heure interdite et secrète
Où l'animale ardeur s'avive et puis s'arrête
Dans un universel et long apaisement.

C'est le vœu le plus pur de ces pauvres complices
Dont la tendre unité ne doit pas s'avouer,
De surprendre parfois votre austère justice,
Et d'endormir parmi votre ombre protectrice
Leur amour somptueux, humble et désapprouvé...

CES PUDEURS DE L'ESPRIT..

Ces pudeurs de l'esprit que le désir entame,
Ces terreurs, ces appels, ces suffocations,
Ces plaintifs tutoiements, hardiesses de l'âme,
Ces forcenés plaisirs qui jettent les amants
Dans je ne sais quel pur et saint abaissement
Où l'âme, ange éploré, maudit le corps qui tremble.
C'est cela, mon amour, que nous avons ensemble...

TU M'AIMAIS MOINS...

Tu m'aimais moins quand tu m'aimais
Qu'un jour où tu me fus féroce ;
Puisqu'on n'est rassuré jamais,
Qu'il soit béni ce jour atroce
Où, violent, injuste et sourd,
Vibrant de meurtrière envie,
Tu disais dédaigner ma vie
Et la haïr sans mon amour.
— Quel excès pourrait mieux me plaire,
Parmi tous les désirs humains,
Que ces yeux glacés de colère,
Et ce crime au fond de ta main ?

Les Forces Eternelles