Voici la douce nuit plus complaisante encore;
Son voile est odorant, ses parois sont moelleuses,
L'insecte va jaillir des herbes populeuses.
Le ciel est descendu, l'air est rapetissé;
Les bruits qui ne sont pas de l'amour ont cessé;
Tout s'accoste, tout court, se rejoint et s'enlace.
O voyage secret des choses dans l'espace !
Nuit fraîche de l'été ! Les oiseaux dans les airs
S'attirent d'un soupir plus vif que les éclairs;
Le désir est lui-même une aile, une fusée
Qui s'est partout levée et s'est partout posée;
Les effluves, les cris et les scintillements
Dans l'ombre langoureuse annoncent les amants.
Les larges papillons, à qui leurs couleurs pèsent,
Sur le sol libre et doux s'affaissent et se baisent.
Un train roule, orageux; ses sifflements soudains
Engouffrent des plaisirs brûlants dans les jardins.
Les lilas par l'odeur mêlent leurs tièdes moelles,
Et les phares des nuits répondent aux étoiles ...
"Les Eblouissements".