Entrons dans l'herbe florissante
Où le soleil fait des chemins
Que caressent, comme des mains,
Les ombres des feuilles dansantes.
Respirons les molles odeurs
Qui se soulèvent des calices,
Et goûtons les tristes délices
De la langueur et de l'ardeur.
Que nos deux âmes balancées
Se donnent leurs parfums secrets,
Et que le douloureux attrait
Joigne les corps et les pensées...
L'été, dans les feuillages frais,
S'ébat, se délasse et s'enivre.
Mais l'homme que rien ne délivre
Pleure de rêve insatisfait.
Le bonheur, la douceur, la joie,
Tiennent entre les bras mêlés ;
Pourtant les coeurs sont isolés
Et las comme un rameau qui ploie.
Pourquoi est-on si triste encor
Quand le destin est favorable,
Et pourquoi cette inéluctable
Inclination vers la mort ?
Où le soleil fait des chemins
Que caressent, comme des mains,
Les ombres des feuilles dansantes.
Respirons les molles odeurs
Qui se soulèvent des calices,
Et goûtons les tristes délices
De la langueur et de l'ardeur.
Que nos deux âmes balancées
Se donnent leurs parfums secrets,
Et que le douloureux attrait
Joigne les corps et les pensées...
L'été, dans les feuillages frais,
S'ébat, se délasse et s'enivre.
Mais l'homme que rien ne délivre
Pleure de rêve insatisfait.
Le bonheur, la douceur, la joie,
Tiennent entre les bras mêlés ;
Pourtant les coeurs sont isolés
Et las comme un rameau qui ploie.
Pourquoi est-on si triste encor
Quand le destin est favorable,
Et pourquoi cette inéluctable
Inclination vers la mort ?
Le cœur innombrable, poèmes, Calmann-Lévy, 1901