23/02/2012

475. Le cercle Anna de Noailles


(1) Le cercle Anna de Noailles a pour vocation de mieux faire connaître l’œuvre poétique de cette femme "divinement simple et sublimement orgueilleuse" (dixit Cocteau) née Anna de Brancovan à Paris, de mère grecque et de père roumain, passant son enfance entre la capitale, les rives du Bosphore et la Savoie. Les vers lyriques et romantiques de la Comtesse de Noailles sont le reflet éminent d’un cœur pur, amoureux et bercé par une nature qui remplit son âme mélancolique de ses parfums contrastés. Dans son chef d’œuvre qui lui donna une aura en France et au-delà de nos frontières, le Cœur innombrable (1901), salué par Edmond Rostand et Marcel Proust, elle exprimait toute la générosité de ses sens à fleur de peau et combattait toute forme d’exaltation personnelle tout en célébrant "le temps de vivre", autant dans sa difficulté d’être que dans la joie des soirs chagrins.
"Soyez pleins d’horizon, de silence et d’ardeur 
Comme un désert brûlant qu’un sable chaud arrose, 
Et le mourant soleil descendra dans vos coeurs
Quand l’ombre est violette et que la mer est rose... "
Comme l’écrira Claude Arnaud, le biographe de Jean Cocteau (Gallimard, 2003) " Le verbe d’Anna de Noailles agissait à la façon d’un opium ; ses volutes gagnaient l’esprit de l’auditeur, jusqu’à le mêler profondément à elles ; elle ajoutait au charme de Shéhérazade l’esprit de Ronsard, le génie du chant à celui de la rime, au dire de Cocteau, qui la mettra plus haut que Hugo et Racine. "
Admiratrice d’Isadora Duncan, comme de Nijinski, de Barrès (aux amours sublimées) comme d’Henry Bataille, cette Minerve au fin visage d’oiseau, aimait autant écrire que converser, surtout dans son Olympe de la rue Scheffer à Paris. Maurice Rostand en dressera un portrait vénéré dans ses Confessions d’un masque.
Ainsi, le Cercle Anna de Noailles pourra tenter de redessiner l’esprit et le verbe de celle qui publiera L’Honneur de souffrir (1927) et qui ne fut jamais remplacée.
Colloques, matinées musicales, lectures et déclamatoires, thés et goûters variés seront au fil de l’année des rendez-vous littéraires et poétiques qui permettront à tous ses admirateurs de revivre le parfum jamais fané d’une époque où les rêves et les espoirs se confondaient avec une jeunesse avide d’Eros et de héros nouveaux.
"Vivre, c’est désirer encore ;
Le courage, c’est l’espérance ;
Quand l’esprit se meurt de souffrance,
On sent parfois rêver le corps."
(Poème de l’amour).


(1) Présentation du cercle par ses animateurs sur le site Internet http://annadenoailles.free.fr/

474. Le cimetière de Publier


Au cimetière de Publier, au-dessus d'Evian,
où repose le coeur de la comtesse de Noailles
Clip vidéo réalisé par l'auteur

473. "Le soldat"


Ô mort parmi les morts, dont nul ne gardera
Le nom, humble relique,
Toi qui fus un élan, une démarche, un bras
Dans la masse héroïque,
Faible humain qui connus jusqu'au fond de tes os
L'unanime victoire
D'être à toi seul un peuple entier, qui prend d'assaut
Les sommets de l'histoire !
Toi, corps et coeur chétifs, mais en qui se pressait,
Comme aux bourgeons sur l'arbre,
Le renaissant printemps du grand destin français,
Fait de rire et de marbre,
Enfant qui n'avais pas, avant le dur fléau,
L'âme prédestinée à un devoir si haut, -
Quand même ta naïve et futile prunelle
N'eût jamais reflété
Qu'un champ d'orge devant la maison paternelle,
que ta vigne en été,
Quand tu n'aurais perçu de l'énigme du monde
Que le soir étoilé,
Quand tu n'aurais empli ta jeune tête ronde
Que d'un livre épelé,
Quand tu n'aurais donné qu'une caresse frêle
À quelque humble beauté,
Se peut-il que tu sois dans la nuit éternelle,
Toi qui avais été !

Les Forces Eternelles. Arthème Fayard