Le 25 août 1899, Marcel Proust rejoint ses parents, le Docteur et Madame Adrien Proust, qui séjournent au Splendide et Grand Hôtel des Bains. Le Docteur, inspecteur général des Services Sanitaires, s'intéresse au thermalisme, son épouse soigne son embonpoint en allant, chaque matin, boire trois verres d'eau. Son fils hésite entre l'annexe du Beaurivage, l'Hôtel d'Amphion, « la minceur des murs n'arrêtera pas le bruit» et le Splendide, dont les travaux d'embellissement n'ont pas treize mois et où il trouve les « qualités de solitude et de silence ».
Il a vingt-huit ans, fume exagérément, a des crises d'asthme depuis dix-huit ans. Il travaille son premier roman, « Jean Santeuil », reste seul à l'hôtel, le 9 septembre, après le départ de ses parents, fréquente le prince Antoine Bibesco, le prince Constantin de Brancovan et sa sœur, future Anna de Noailles, dans leur villa Bassaraba, Monsieur et Madame Bartholoni dans leur maison de Coudrée, l'écrivain Henri Bordeaux, le pianiste Léon Delafosse, le comte Clément de Maugny, assiste au mariage, le 18 septembre, de la sœur du baron Joseph Vitta avec l'explorateur Edouard Foa, à la villa La Sapinière, où Auguste Rodin achève dans le hall d'entrée L'été et l'hiver, fait le tour du lac, visite le château de Coppet, sur la rive suisse entre Genève et Nyons, où Madame de Staël a vécu.Il quitte Evian le 8 octobre, écrit vingt et une lettres durant ces six semaines. En septembre 1900, sur la route de Venise, il s'arrête quelques jours au Splendide, avant sa fermeture annuelle. En 1902, il projette de retourner à Evian, «dans son grand désir de revoir le beau lac», mais il n'arrivera pas à quitter Paris. Dans sa correspondance de 1899, il relate quelques faits de sa vie évianaise, notamment son émotion pour la nouvelle condamnation par un conseil de guerre, à Rennes, de l'officier Dreyfus. Il en restera blessé durant tout son séjour.