"Pour ajouter à votre beau texte sur Proust à Evian, je vous suggère cet extrait de lettre de Proust à sa mère, au sujet d’Anna de Noailles et Dreyfus"
[Evian] Dimanche 1 heure 1/2
[10 sept. 1899]
Ma chère petite Maman,
[...] Comme j’entrais dans le pavillon de
Constantin [Brancovan] pour fumer avant le dîner j’ai entendu des gémissements.
C’était la petite Noailles (la poétesse) qui passait en sanglotant de toutes ses
forces, en gémissant d’une voix entrecoupée, "comment ont-ils pu faire cela,
comment ont-ils osé venir le lui dire, et pour les étrangers, pour le monde,
comment a-t-on pu ?" Elle pleurait avec tant de violence que c’était
attendrissant et que cela me l’a réhabilitée. […]