23/11/2012

577. Quoi ! Tu crains de mourir


















Quoi ! tu crains de mourir, tu souhaites rester,
Ayant été splendide et pareille à l'été,
Le témoin déclinant de ce qui recommence.

— O cœur toujours comblé et toujours dévasté,
Pourquoi perpétuer ta rêveuse démence ?
Va, ne t'attarde pas. Sache mourir. Comment
Pourrais-tu présenter, enfant lucide et sage,
A d'éternels printemps cet orgueilleux visage
Qui, lorsqu'il affrontait le soleil par moment,
Recevait de l'azur un tendre assentiment ?

L'on meurt, et c'est cela ton angoisse suprême.
L'on meurt; tu le savais sans le croire, dis-tu ?
Tu n'avais pas compris, près des cadavres mêmes,
Que ce repos glacé, irascible, têtu.
Serait le tien aussi. Tu te répétais j'aime,
Universellement, à jamais, pour toujours,
Depuis les temps naissants jusqu'au terme des mondes ;
Et ton esprit, en qui tout l'univers abonde,
S'assurait de durer par ce prodigue amour !

— Pauvre être, le destin n'est pas digne des hommes ;
O vivant incendie il te faudra périr !
Mais déjà le futur te recueille et te nomme,
Et les cœurs turbulents sembleront économes
Auprès de ton ardeur léguée à l'avenir...

Les Forces Eternelles