20/11/2012

566. Certes vous fîtes bien - Appel - Lassitude














CERTES, VOUS FITES BIEN..

Certes, vous fîtes bien, implacable Nature,
D'envoyer à ce corps qui ne cédait jamais.
L'essence délicate et rare des tortures,
Afin que l'univers exultant que j'aimais
D'un monstrueux amour, idolâtre et servile,
N'eût plus sur mon esprit son effrayant pouvoir,
— Plus oppressant que n'est la mer autour d'une île
Et que je sois, à l'heure où commence mon soir,
Comme ces pèlerins étonnés et tranquilles.
Qui ne s'arrêtent pas en traversant les villes.
Et semblent, dans leur vague et décisif ennui,
Fuir le destin fidèle et secret qui leur nuit...























APPEL

Vous qu'étant morte j'aimerai,
Jeunes gens des saisons futures,
Lorsque mêlée à la nature
Je serai son vivant secret,
J'ai mérité d'être choisie,
— Perpétuité des humains ! —
Par votre tendre fantaisie,
Car lorsque sur tous les chemins
Je défaillais de frénésie,
Je tremblais d'amour et de fièvre,
J'ai soulevé entre mes mains
Une amphore de Poésie
Et je l'ai portée à vos lèvres !















LASSITUDE

Ce n'est pas aisément que l'on meurt. Ce souhait
D'avoir enfin fini d'espérer et d'agir
Témoigne d'un malheur persistant et parfait,
Qui, las et déchaîné, ne peut plus s'assagir.

Pourquoi me retiens-tu ? J'ai besoin de mourir...

Les Forces Eternelles