Notre amour sera grave ainsi qu'un Dieu vieilli
Qui se croit éternel et sent l'autel qui tremble,
Et nous serons tous deux les servants recueillis
Du mystère sacré qui nous isole ensemble.
Nous serons les élus et les proscrits hautains;
La vie autour de nous insultera nos rêves,
Nous sentirons pleurer dans ses mornes festins
Notre amour, infini parmi les choses brèves.
Notre amour est le vase empli d'or et de nard
Que nous portons tous deux en tremblant d'en répandre;
Rien ne nous vient de nous, et le sombre hasard
Nous confie un trésor dont il nous fait dépendre.
Nous nous enchanterons du périssable attrait
Et des vives clartés du jour qui se consume,
Et nos sourires même auront l'air d'un regret;
Nous ne serons jamais joyeux sans amertume,
Car nous refuserons le bonheur calme, offert
A ceux que n'émeut point la sirène ondoyante :
Le parfum qui s'égare et le son qui se perd
Nous verseront à flots leur volupté fuyante.
Dédaigneux des efforts et des réalités,
Nous goûterons, muets patriciens du rêve,
Les trésors savoureux de nos oisivetés
Aux languissants détours de l'heure qui s'achève.
Les hommes cherchent l'or et la gloire autour d'eux,
Leur vanité se plie au joug de leurs chimères;
Nous n'aurons de fierté que d'être beaux tous deux
Dans le fragile essor des grâces éphémères.
Au printemps nous irons errer nonchalamment
Dans la moiteur des prés. Les guêpes querelleuses
Nous berceront l'été d'un mol bourdonnement,
Et l'hiver nous aurons des tendresses frileuses.
Notre ardente ferveur et nos effusions
Iront grossir la somme inutile des choses,
Mais qu'importe aux étés, ivres d'éclosions,
Ce que pèse à l'hiver la poussière des roses ...
Qui se croit éternel et sent l'autel qui tremble,
Et nous serons tous deux les servants recueillis
Du mystère sacré qui nous isole ensemble.
Nous serons les élus et les proscrits hautains;
La vie autour de nous insultera nos rêves,
Nous sentirons pleurer dans ses mornes festins
Notre amour, infini parmi les choses brèves.
Notre amour est le vase empli d'or et de nard
Que nous portons tous deux en tremblant d'en répandre;
Rien ne nous vient de nous, et le sombre hasard
Nous confie un trésor dont il nous fait dépendre.
Nous nous enchanterons du périssable attrait
Et des vives clartés du jour qui se consume,
Et nos sourires même auront l'air d'un regret;
Nous ne serons jamais joyeux sans amertume,
Car nous refuserons le bonheur calme, offert
A ceux que n'émeut point la sirène ondoyante :
Le parfum qui s'égare et le son qui se perd
Nous verseront à flots leur volupté fuyante.
Dédaigneux des efforts et des réalités,
Nous goûterons, muets patriciens du rêve,
Les trésors savoureux de nos oisivetés
Aux languissants détours de l'heure qui s'achève.
Les hommes cherchent l'or et la gloire autour d'eux,
Leur vanité se plie au joug de leurs chimères;
Nous n'aurons de fierté que d'être beaux tous deux
Dans le fragile essor des grâces éphémères.
Au printemps nous irons errer nonchalamment
Dans la moiteur des prés. Les guêpes querelleuses
Nous berceront l'été d'un mol bourdonnement,
Et l'hiver nous aurons des tendresses frileuses.
Notre ardente ferveur et nos effusions
Iront grossir la somme inutile des choses,
Mais qu'importe aux étés, ivres d'éclosions,
Ce que pèse à l'hiver la poussière des roses ...