Dans les billets ci-dessous (666 et 665), je propose à mes lecteurs deux remarquables dissertations rédigées par des élèves de seconde du lycée de Montargis. Elles sont consacrées au poème d'Anna de Noailles "Le port de Palerme"
Elles ont été mises en ligne par leur professeur Bruno Rigolt sur son Espace Pédagogique Contributif, hébergé par "Le Monde". Qu'il soit remercié pour ce remarquable travail
22/09/2013
666. Le port de Palerme : commentaire de Clarisse
Il y a quelques mois, j'avais consacré ma "Citation de la semaine" à l'écrivaine Anna de Noailles.
Son poème "Le port de Palerme" m'avait tant interpellé que j'ai décidé
d'en proposer le commentaire à mes classes de Seconde cette année. Le
texte, préparé en classe, a donné lieu à l'élaboration collective d'un
plan en trois parties. Les élèves avaient ensuite la rude tâche
d'élaborer leur commentaire. Parmi tous les travaux qu'il m'a été donné
de lire, quelques-uns, particulièrement exceptionnels, seront publiés
dans cet Espace Pédagogique Contributif. Je
vous laisse découvrir aujourd'hui le commentaire de Clarisse... Note
obtenue : 20/20 : bravo à elle pour ce travail absolument remarquable..Bruno Rigolt
Cours de Français de M. Bruno Rigolt – Lycée
en Forêt – Montargis (France).
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Publié dans le recueil Les Vivants et les morts (1913), « le Port de Palerme »
témoigne du lyrisme passionné et de la recherche d'une langue pure qui
parcourent les œuvres d'Anna de Noailles. Ainsi, dans ce poème, si la
"muse des jardins" reprend, à travers la contemplation du port et des
bateaux, le thème romantique du voyage, il importe néanmoins de
souligner que cette méditation, par l'idéalisation du réel qu'elle
entreprend, amène finalement le lecteur à investir un monde imaginaire,
partagé entre l'esthétique et la dimension métaphysique.
À partir de l'évocation d'un cadre réaliste qui occupera notre première partie, nous verrons dans un deuxième temps combien la poétesse tend à idéaliser le réel référentiel pour laisser place au rêve et au voyage vers un idéal pur. Nous montrerons enfin dans notre dernier axe que l'empreinte symboliste, habile à gouverner les images, marque profondément ce voyage, tout autant métaphorique que spirituel.
Dans un premier temps, Anna de Noailles procède à une description très concrète du port de Palerme. Dès le premier vers, le réalisme surgit du cadre référentiel, déjà suggéré par le titre ; il s'agit du port de Palerme. Pour son poème, l'écrivaine utilise donc comme « support » un lieu qui existe réellement : la grande ville italienne et portuaire de Palerme, située dans une baie au nord de la Sicile. Cependant, elle circonscrit uniquement sa description à la zone portuaire : « port » (v. 2), « rade », « marine » (v. 6), « vaisseaux » (v. 7). On ne connaît rien de la ville elle-même qui n'est pas évoquée, si ce n'est une brève mention au vers 12. L'auteure commence par décrire l'aspect « extérieur », c'est-à-dire l'activité commerciale et la pauvreté du lieu. Comme n'importe quel port, Palerme est en effet un endroit propice aux échanges manufacturiers, comme en témoigne d'ailleurs le champ lexical du commerce : « marchands » (v.2), « sacs de grains, de farine et fruits » (v.3) : ici on peut noter l'évocation de produits locaux divers, de même que le terme « usine » au vers 9, suggère la fabrication ou la transformation des matières premières.
À partir de l'évocation d'un cadre réaliste qui occupera notre première partie, nous verrons dans un deuxième temps combien la poétesse tend à idéaliser le réel référentiel pour laisser place au rêve et au voyage vers un idéal pur. Nous montrerons enfin dans notre dernier axe que l'empreinte symboliste, habile à gouverner les images, marque profondément ce voyage, tout autant métaphorique que spirituel.
Dans un premier temps, Anna de Noailles procède à une description très concrète du port de Palerme. Dès le premier vers, le réalisme surgit du cadre référentiel, déjà suggéré par le titre ; il s'agit du port de Palerme. Pour son poème, l'écrivaine utilise donc comme « support » un lieu qui existe réellement : la grande ville italienne et portuaire de Palerme, située dans une baie au nord de la Sicile. Cependant, elle circonscrit uniquement sa description à la zone portuaire : « port » (v. 2), « rade », « marine » (v. 6), « vaisseaux » (v. 7). On ne connaît rien de la ville elle-même qui n'est pas évoquée, si ce n'est une brève mention au vers 12. L'auteure commence par décrire l'aspect « extérieur », c'est-à-dire l'activité commerciale et la pauvreté du lieu. Comme n'importe quel port, Palerme est en effet un endroit propice aux échanges manufacturiers, comme en témoigne d'ailleurs le champ lexical du commerce : « marchands » (v.2), « sacs de grains, de farine et fruits » (v.3) : ici on peut noter l'évocation de produits locaux divers, de même que le terme « usine » au vers 9, suggère la fabrication ou la transformation des matières premières.
En outre, ce dispositif référentiel est renforcé par une
description « sonore » qu'il s'agit de qualifier brièvement : « le bruit
que faisaient les marchands » (v.1) suggère par exemple une impression
de mouvement et d'agitation particulièrement réaliste ; les vendeurs
sont si nombreux et bruyants qu'ils semblent former un amas de personnes
« autour des sacs ». Ils manquent de discrétion dans ce lieu éminemment
populaire et très fréquenté. De plus, cet appel au sens auditif se
retrouve aux vers 6 et 8 : « entendais », « les sifflets faisaient un
bruit d'usine » : ici, Anna de Noailles évoque le va et vient bruyant
des bateaux, ceux qui partent du port et ceux qui arrivent à Palerme, ce
qui donne de la vivacité au lieu. Par ailleurs, cette sensation est
accentuée par une description très colorée : l'évocation, « sous un beau
ciel, teinté de splendeur » (v. 5), des produits locaux, notamment les
« fruits » (v. 4) ainsi que la journée ensoleillée, éclatante,
magnifique, propice aux échanges et au commerce, confèrent à la scène
une forte couleur locale.
Ce parti pris très réaliste et assez
inhabituel en poésie s'oppose aux stéréotypes du Romantisme qui utilise
généralement un cadre plus idyllique. À ce titre, l'auteure n'hésite pas
à peindre la pauvreté du lieu : « la rade » devenue « noire »,
peut-être à cause de la pollution, semble manquer d'entretien. Nous
percevons ici un contraste avec les couleurs de la première strophe : le
port, davantage triste et sombre, se perçoit comme l'incarnation d'une
certaine mélancolie : l'écrivaine, qui décrit avec nostalgie la « pauvre
marine » et les « vaisseaux délabrés », montre ainsi ce qu'on pourrait
appeler « l'envers du décor ». De fait, si le port de Palerme est le
pôle central de toute la vie économique, ce milieu commercial et
cosmopolite semble par ailleurs traduire une certaine malhonnêteté de la
société. Les marchands sont en effet « divisés » (v. 3). Par ce terme,
on comprend qu'ils n'ont pas tous les mêmes points de vue : il y a des
rivalités, des tromperies et des tensions, chaque négociant défendant
son propre intérêt « autour des sacs ». De même est-il possible que le
« bruit » dont il est question au vers 2, provienne des disputes ou des
inlassables tractations marchandes. Le port apparaît donc comme un lieu
peu fréquentable : n'est-il pas d'ailleurs question de « fraude » au
vers trois ? Ce non-respect des lois et des droits d'autrui pèse encore
sur l'image de la société palermitaine, fortement marquée par l'emprise
de la mafia et de la corruption.
Sans doute convient-il de noter ici combien cette société est en outre très portée sur le matérialisme. L'oxymore « vieux port goudronné » (opposition entre vieux et goudronné) témoigne en effet du processus de modernisation et d'urbanisation du « vieux port » : on y a construit des routes. Il semble avoir perdu ce qui faisait son charme tout comme « les vapeurs » et « les sifflets » (v. 9) qui font un « bruit d'usine ». Ils paraissent ainsi associés à une société urbaine et spéculative qui détruit l'harmonie pour produire toujours plus. La vente « des sacs de grain, de farine et de fruits » (v. 4) et la « fraude » (v. 4) traduisent à cet égard un goût particulier pour l'argent et le lucre. Mais si Anna de Noailles fait prévaloir une vision critique du monde qui l'entoure, elle éprouve également de la compassion pour cette population à la gouaille populaire qui arpente les quais ou flâne le long du port.
Elle évoque ainsi au vers cinq les langueurs des pays chauds où tout semble « teinté... d'ennui ». Le vers se fait l'écho quelque peu nostalgique de ces longues journées d'été « où le soir est si lent à venir... » (v. 10). Par l'emploi de l'intensif « si » et des points de suspension, l'auteure insiste en effet sur la durée du jour, qui paraît sans fin... De plus, comme le montre l'emploi du présent de vérité générale, cette scène prend une valeur omnitemporelle : il semble en être ainsi de tous les jours : habitude, répétition des mêmes scènes, des mêmes bruits... Cette valeur d'indéfini est également renforcée par le très beau rythme du vers : "Dans ces cieux/où le soir/est si lent/à venir". Ce rythme quaternaire crée une syntaxe presque chantante qui est comme une invitation au voyage. Les allitérations en [r] et en [s] ajoutent à cet égard une sensation tactile qui, en apportant de la douceur, semble presque susurrer à notre oreille toute la sympathie qu'Anna de Noailles porte envers la société palermitaine. À partir de ces éléments concrets, l'auteure peint donc un univers référentiel qu'elle parvient progressivement à métamorphoser et à idéaliser grâce au pouvoir évocateur de la poésie.
Sans doute convient-il de noter ici combien cette société est en outre très portée sur le matérialisme. L'oxymore « vieux port goudronné » (opposition entre vieux et goudronné) témoigne en effet du processus de modernisation et d'urbanisation du « vieux port » : on y a construit des routes. Il semble avoir perdu ce qui faisait son charme tout comme « les vapeurs » et « les sifflets » (v. 9) qui font un « bruit d'usine ». Ils paraissent ainsi associés à une société urbaine et spéculative qui détruit l'harmonie pour produire toujours plus. La vente « des sacs de grain, de farine et de fruits » (v. 4) et la « fraude » (v. 4) traduisent à cet égard un goût particulier pour l'argent et le lucre. Mais si Anna de Noailles fait prévaloir une vision critique du monde qui l'entoure, elle éprouve également de la compassion pour cette population à la gouaille populaire qui arpente les quais ou flâne le long du port.
Elle évoque ainsi au vers cinq les langueurs des pays chauds où tout semble « teinté... d'ennui ». Le vers se fait l'écho quelque peu nostalgique de ces longues journées d'été « où le soir est si lent à venir... » (v. 10). Par l'emploi de l'intensif « si » et des points de suspension, l'auteure insiste en effet sur la durée du jour, qui paraît sans fin... De plus, comme le montre l'emploi du présent de vérité générale, cette scène prend une valeur omnitemporelle : il semble en être ainsi de tous les jours : habitude, répétition des mêmes scènes, des mêmes bruits... Cette valeur d'indéfini est également renforcée par le très beau rythme du vers : "Dans ces cieux/où le soir/est si lent/à venir". Ce rythme quaternaire crée une syntaxe presque chantante qui est comme une invitation au voyage. Les allitérations en [r] et en [s] ajoutent à cet égard une sensation tactile qui, en apportant de la douceur, semble presque susurrer à notre oreille toute la sympathie qu'Anna de Noailles porte envers la société palermitaine. À partir de ces éléments concrets, l'auteure peint donc un univers référentiel qu'elle parvient progressivement à métamorphoser et à idéaliser grâce au pouvoir évocateur de la poésie.
C'est
en effet par le rêve et surtout par l'idéalisation du réel, que s'opère
le passage de l'expérience sensible de la vie concrète à son
idéalisation, caractéristique de l'entreprise symboliste en tant
qu'expression d'une poésie vers un Idéal pur, seule capable de figurer
le mystère de l'âme.
Alors qu'elle semblait porter un regard quelque peu hautain sur cette société palermitaine, Anna de Noailles change progressivement de point de vue en contemplant les bateaux qui s'éloignent de la terre. Ainsi au vers six, la vue du port, et plus particulièrement son côté simple, pauvre et misérable, semble comme une révélation qu'il y a quelque chose d'essentiel dans cette contemplation : « J'aimais la rade noire et sa pauvre marine ». Sentiment qui va s'intensifier puisque la poétesse finira même par « fondre d'amour » au vers treize devant ce paysage. Idéalisation de la réalité disions-nous, tant il est vrai que chez les poètes symbolistes, la poésie est seule capable de recréer le réel : témoin ces « vaisseaux délabrés » au vers sept : l'emploi du mot légendaire « vaisseaux », est comme une métamorphose : les bateaux sont ainsi présentés dans toute leur puissance, comme ils l'étaient sans doute auparavant. Bien qu'ils soient au contraire en ruines et « délabrés », ils sont magnifiques aux yeux de la poétesse car ils sont les représentants du voyage qu'ils traduisent en symboles. Leur état n'a donc pas d'importance, elle n'a pas le souci du matériel, ce qui compte c'est ce qu'ils évoquent, les émotions et les idées qu'ils suscitent. Tout est allégorique : c'est en effet à travers leur contemplation que commence l'évasion de la poétesse vers l'imaginaire : n'emploie-t-elle pas par la suite des mots de plus en plus abstraits et immatériels tels que « vapeurs » ou « cieux » (v.9) ?
On remarque également une évocation des sentiments : « cœur humain » au vers huit ou « fondait d'amour » au vers treize donnent toute sa valeur au registre lyrique, en chargeant l'acte d'écriture d'une totale communion avec la nature : « comme un nuage crève » (v. 13). N'est-ce pas le sens profond de la poésie qui apparaît à travers le lexique des sensations : « je sentais s'ouvrir » écrit Anna de Noailles, comme pour nous faire éprouver, à travers cette impression de plénitude et de bien-être, la fin véritable de toute poésie : la quête idéiste de la pureté. On pourrait faire remarquer combien, dans la dernière strophe, les éléments concrets ont presque totalement disparu, il ne reste plus que « la ville » et « le port » (v. 12), qui laissent eux-mêmes place à l'immatérialité du « vent ». D'abord hésitant, il finit en effet par s'imposer sur la ville. L'imaginaire est finalement total dans les trois derniers vers : « J'avais soif d'un breuvage... » (v. 14). Ici, l'expression qui fait penser à un être altéré d'une soif violente, revêt un sens très fort, qui connote le désir certes, mais un désir ardent, qui n'est pas réel.
De plus, de simples citernes exposées sur le port, se transforment en « citernes du rêve » (vers 16). Par cette métaphore, celles-ci semblent permettre l'accès à l'imaginaire et à l'idéal ; elles s'ouvrent à la poétesse « en cercles infinis » (v.15), oxymore s'il en est, qui traduit l'absence de tout rationalisme : un cercle ne saurait en effet être infini, il désigne ici la forme ronde des citernes. Le lecteur aura relevé le symbolisme bien connu du cercle, caractéristique du voyage mystique à travers l'espace et le temps. C'est donc par le truchement de la contemplation du port et de la mer devenue « désert d'azur » (v. 16) qu'Anna de Noailles s'évade pour parvenir à la quête de Soi : l'impression d'infinité et de beauté est donc essentielle. La description réaliste du port de Palerme, par une idéalisation et une allégorie du concret, s'est transformée peu à peu en un univers imaginaire, qui est celui du rêve, mais plus fondamentalement, en une quête idéale de la Vérité.
Alors qu'elle semblait porter un regard quelque peu hautain sur cette société palermitaine, Anna de Noailles change progressivement de point de vue en contemplant les bateaux qui s'éloignent de la terre. Ainsi au vers six, la vue du port, et plus particulièrement son côté simple, pauvre et misérable, semble comme une révélation qu'il y a quelque chose d'essentiel dans cette contemplation : « J'aimais la rade noire et sa pauvre marine ». Sentiment qui va s'intensifier puisque la poétesse finira même par « fondre d'amour » au vers treize devant ce paysage. Idéalisation de la réalité disions-nous, tant il est vrai que chez les poètes symbolistes, la poésie est seule capable de recréer le réel : témoin ces « vaisseaux délabrés » au vers sept : l'emploi du mot légendaire « vaisseaux », est comme une métamorphose : les bateaux sont ainsi présentés dans toute leur puissance, comme ils l'étaient sans doute auparavant. Bien qu'ils soient au contraire en ruines et « délabrés », ils sont magnifiques aux yeux de la poétesse car ils sont les représentants du voyage qu'ils traduisent en symboles. Leur état n'a donc pas d'importance, elle n'a pas le souci du matériel, ce qui compte c'est ce qu'ils évoquent, les émotions et les idées qu'ils suscitent. Tout est allégorique : c'est en effet à travers leur contemplation que commence l'évasion de la poétesse vers l'imaginaire : n'emploie-t-elle pas par la suite des mots de plus en plus abstraits et immatériels tels que « vapeurs » ou « cieux » (v.9) ?
On remarque également une évocation des sentiments : « cœur humain » au vers huit ou « fondait d'amour » au vers treize donnent toute sa valeur au registre lyrique, en chargeant l'acte d'écriture d'une totale communion avec la nature : « comme un nuage crève » (v. 13). N'est-ce pas le sens profond de la poésie qui apparaît à travers le lexique des sensations : « je sentais s'ouvrir » écrit Anna de Noailles, comme pour nous faire éprouver, à travers cette impression de plénitude et de bien-être, la fin véritable de toute poésie : la quête idéiste de la pureté. On pourrait faire remarquer combien, dans la dernière strophe, les éléments concrets ont presque totalement disparu, il ne reste plus que « la ville » et « le port » (v. 12), qui laissent eux-mêmes place à l'immatérialité du « vent ». D'abord hésitant, il finit en effet par s'imposer sur la ville. L'imaginaire est finalement total dans les trois derniers vers : « J'avais soif d'un breuvage... » (v. 14). Ici, l'expression qui fait penser à un être altéré d'une soif violente, revêt un sens très fort, qui connote le désir certes, mais un désir ardent, qui n'est pas réel.
De plus, de simples citernes exposées sur le port, se transforment en « citernes du rêve » (vers 16). Par cette métaphore, celles-ci semblent permettre l'accès à l'imaginaire et à l'idéal ; elles s'ouvrent à la poétesse « en cercles infinis » (v.15), oxymore s'il en est, qui traduit l'absence de tout rationalisme : un cercle ne saurait en effet être infini, il désigne ici la forme ronde des citernes. Le lecteur aura relevé le symbolisme bien connu du cercle, caractéristique du voyage mystique à travers l'espace et le temps. C'est donc par le truchement de la contemplation du port et de la mer devenue « désert d'azur » (v. 16) qu'Anna de Noailles s'évade pour parvenir à la quête de Soi : l'impression d'infinité et de beauté est donc essentielle. La description réaliste du port de Palerme, par une idéalisation et une allégorie du concret, s'est transformée peu à peu en un univers imaginaire, qui est celui du rêve, mais plus fondamentalement, en une quête idéale de la Vérité.
Parallèlement, et toujours dans cette même
optique idéiste, l'auteure évoque son désir de voyager vers un Idéal
pur, un des thèmes majeurs du Symbolisme. De fait, dès les vers sept et
huit, Anna de Noailles exprime sa quête du partir à travers la
contemplation des « vaisseaux délabrés ». Ce souhait semble à ce titre
provenir des bateaux : « d'où j'entendais jaillir » : l'emploi du verbe
« jaillir » apparaît comme un surgissement, une renaissance. Rompant
avec la monotonie du quotidien, il crée un effet de surprise,
d'agitation et de mouvement. En outre, cette envie de fuir semble
irrépressible comme le suggère la tonalité exclamative et presque
jubilatoire du vers huit ainsi que la place du verbe « partir ».
Positionné en fin de vers, il est mis en avant et crée un effet
d'insistance. Il semble d'ailleurs être le seul motif de l'existence
« éternel souhait » (v.7) : loin d'être un désir passager, il apparaît
comme le but de toute une vie, comme une quête profondément
existentielle. Et si l'auteure, comme nous le notions précédemment, se
laisse guider par ses sentiments et ses émotions (« souhait du cœur
humain »), c'est surtout pour conférer au voyage la mission d'atteindre
un idéal « pur ». À travers celui-ci, l'écrivaine semble en effet
rechercher un Idéal transcendant. Elle n'aspire pas à un lieu précis,
elle s'évade à travers une succession de non-lieux : tout d'abord,
l'évocation des « vapeurs » au vers neuf connote l'immatérialité de même
que « les cieux » (v. 10) paraissent substituer aux « bruits d'usine »
et aux « sifflets » le calme, l'apaisement, et l'infini. De même, « le
vent », élément essentiellement primitiviste, traduit-il un sentiment de
purification : « son aile assainit » la société profane et quelque peu
vulgaire, malhonnête, matérialiste, remplie de tromperies et de
tensions. L' « aile » rappelle à ce titre les oiseaux, symboles de
majesté, de liberté et de pureté, ils volent dans les airs, et semblent
au-dessus de tout. De plus, l'utilisation du présent à valeur de
généralité donne à cette « purification » une dimension universelle,
relativement abstraite et idéiste.
Enfin, cette recherche spirituelle de l'Idéal se retrouve aussi dans le « désert d'azur » du dernier vers qui désigne l'infinité de la mer. À cette quête s'ajoute celle de sentiments aussi purs et indicibles que ces non-lieux : «Mon cœur fondait d'amour comme un nuage crève ». Ici la comparaison de sentiments et d'émotions particulièrement forts avec un nuage, élément immatériel qui renvoie au ciel, est comme une transfiguration aux accents d'évangile, comme une communion avec Dieu. On retrouve cette soif d’absolu au vers quatorze : « J'avais soif d'un breuvage ineffable et béni », là encore l'auteure est en quête de la lumière de Dieu (« béni ») et les sentiments, si beaux qu'ils puissent être, restent dans le mystère et l'« ineffable »...
Enfin, cette recherche spirituelle de l'Idéal se retrouve aussi dans le « désert d'azur » du dernier vers qui désigne l'infinité de la mer. À cette quête s'ajoute celle de sentiments aussi purs et indicibles que ces non-lieux : «Mon cœur fondait d'amour comme un nuage crève ». Ici la comparaison de sentiments et d'émotions particulièrement forts avec un nuage, élément immatériel qui renvoie au ciel, est comme une transfiguration aux accents d'évangile, comme une communion avec Dieu. On retrouve cette soif d’absolu au vers quatorze : « J'avais soif d'un breuvage ineffable et béni », là encore l'auteure est en quête de la lumière de Dieu (« béni ») et les sentiments, si beaux qu'ils puissent être, restent dans le mystère et l'« ineffable »...
Insistons,
pour terminer, sur un point essentiel : par un grand nombre de
caractéristiques du Romantisme qu'il réinterprète et transcende, « le
Port de Palerme » est un poème particulièrement représentatif de la
mouvance symboliste. De fait, en reprenant le grand thème romantique du
voyage, Anna de Noailles essaie peut-être, comme nous l'avons vu
précédemment, de fuir une société malhonnête (« fraude »), ennuyeuse
(« ennui ») et quelque peu matérialiste dans laquelle l'homme a détruit
l'harmonie universelle. Ce sentiment d'inadaptation à la marche de
l’histoire, qui n'est pas sans évoquer le fameux « mal du siècle »,
dépasse pourtant le simple cliché romantique. Il s'agit, comme nous le
remarquions, d'un poème davantage symboliste, capable de rendre par le
symbole, ce que le monde a d'infini et de mystérieux. Cette démarche
allégorique, où chaque image concrète renvoie à l'abstrait le plus pur,
rend le poème quelque peu hermétique à la compréhension du simple
lecteur, alors obligé de déchiffrer le sens caché des mots pour en
pénétrer la puissance suggestive. Ainsi, « les sacs de grains, de farine
et de fruits » (v.3) font-ils allusion à la volupté de l'Orient et
annoncent déjà de manière implicite le thème du voyage dont « les
vaisseaux délabrés » (v.6) sont les véritables représentants. On
pourrait aussi faire remarquer combien l'emploi de l'expression « désert
d'azur » pour la mer ou de « citernes du rêve » pour qualifier
de banals éléments de tout décor portuaire, traduisent, au-delà de
l'aspect pictural, une quête du Vrai, pour laquelle les mots ne
suffisent pas.
Cette vision allégorique confère donc au poème une part de mystère, renforcée par l'association du réel et de l'imaginaire. L'auteure part en effet d'une description réaliste pour finalement aboutir aux symboles abstraits, unissant terre et ciel, fini et infini : les mouvements spiraloïdes des « citernes du rêve » en sont une parfaite illustration. Notons aussi combien l'emploi d'un vocabulaire volontairement anachronique ou l'utilisation de comparaisons inattendues n'a d'autre but que de confirmer l'idée selon laquelle la création poétique, particulièrement chez les Symbolistes, est alchimie, transformation de la vie en art, seule capable, en créant un monde imaginaire qui s'inspire du monde réel, d'atteindre par ces correspondances reliant le monde inférieur et le monde supérieur, la Vérité.
Cette vision allégorique confère donc au poème une part de mystère, renforcée par l'association du réel et de l'imaginaire. L'auteure part en effet d'une description réaliste pour finalement aboutir aux symboles abstraits, unissant terre et ciel, fini et infini : les mouvements spiraloïdes des « citernes du rêve » en sont une parfaite illustration. Notons aussi combien l'emploi d'un vocabulaire volontairement anachronique ou l'utilisation de comparaisons inattendues n'a d'autre but que de confirmer l'idée selon laquelle la création poétique, particulièrement chez les Symbolistes, est alchimie, transformation de la vie en art, seule capable, en créant un monde imaginaire qui s'inspire du monde réel, d'atteindre par ces correspondances reliant le monde inférieur et le monde supérieur, la Vérité.
On remarque en effet que tout le poème mène
à une vérité supérieure et essentielle. De fait, à travers un certain
nombre de symboles que nous avons évoqués, nous comprenons que l'auteure
ne part pas réellement, il s'agit d'un voyage métaphorique qui donne à
l'imagination toute sa valeur créatrice : « j'avais soif » traduit une
envie qui ne se réalise pas réellement mais qui reste à l'état de désir.
De même, l'image spiraloïde des « cercles infinis » (v.14), par son
manque total de rationalisme, suggère la géométrie sacrée des
Pythagoriciens. On comprend donc mieux le vers dix dont nous commentions
précédemment l'harmonie rythmique : « Dans ces cieux où le soir est si
lent à venir... », l'écrivaine n'attend pas le soir en lui-même, mais
son mystérieux symbolisme, enrichi du mythe de la nuit, pendant laquelle
on est amené à rêver : c'est en effet le seul instant de la journée où
l'on peut s'évader pleinement et se laisser aller à la vie, comme à la
mort. Moment de pur accomplissement « Mon cœur fondait d'amour », mais ô
combien éphémère tel le nuage voué à disparaître. Cependant c'est
sa brièveté même qui le rend paradoxalement si intense comme le suggère
la dureté du mot « crever ».
Ce n'est pas un hasard si le soir semble également être le moment de la journée choisi par l'auteure pour évoquer l'acte d'écriture. Tant il est vrai que le poème est tout autant la quête fiévreuse d'un au-delà qu'un voyage spirituel, si difficile à atteindre. Comme le dira Anna de Noailles « Il n'est rien de réel que le rêve et l'amour »... La poésie n'est-elle pas, dès lors, un voyage spirituel à l'intérieur de soi, que chacun doit accomplir pour atteindre le Moi véritable ? Nous comprenons dès lors l'importance qu'Anna de Noailles accorde à l'abstrait : l'esprit l'emporte sur les sens. Tout comme un rêve éveillé, la poésie permet de créer un monde imaginaire et idéal, qui est le signe d'une transcendance de la conscience. Par son pouvoir évocateur, par sa simple lecture, elle suffit à nous évader dans un univers aussi bien réaliste qu'indescriptible et ineffable. Comme le soulignait Charles Baudelaire « La poésie est ce qu'il y a de plus réel, c'est ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde ». Cette affirmation nous semble parfaitement s'adapter au « Port de Palerme », qui finit par identifier la poésie à un acte de pur langage, seul capable d'échapper à la banalité du monde.
Ce n'est pas un hasard si le soir semble également être le moment de la journée choisi par l'auteure pour évoquer l'acte d'écriture. Tant il est vrai que le poème est tout autant la quête fiévreuse d'un au-delà qu'un voyage spirituel, si difficile à atteindre. Comme le dira Anna de Noailles « Il n'est rien de réel que le rêve et l'amour »... La poésie n'est-elle pas, dès lors, un voyage spirituel à l'intérieur de soi, que chacun doit accomplir pour atteindre le Moi véritable ? Nous comprenons dès lors l'importance qu'Anna de Noailles accorde à l'abstrait : l'esprit l'emporte sur les sens. Tout comme un rêve éveillé, la poésie permet de créer un monde imaginaire et idéal, qui est le signe d'une transcendance de la conscience. Par son pouvoir évocateur, par sa simple lecture, elle suffit à nous évader dans un univers aussi bien réaliste qu'indescriptible et ineffable. Comme le soulignait Charles Baudelaire « La poésie est ce qu'il y a de plus réel, c'est ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde ». Cette affirmation nous semble parfaitement s'adapter au « Port de Palerme », qui finit par identifier la poésie à un acte de pur langage, seul capable d'échapper à la banalité du monde.
Au
terme de cette analyse, il convient de rappeler quelques points
essentiels. Comme nous avons cherché à le montrer, Anna de Noailles
dévoile à travers « Le port de Palerme », sa conception de la poésie,
qui est aussi une conception du monde. Pour l'auteure, la poésie permet
en effet l'expression de ses sentiments et la quête existentielle d'un
Idéal inaccessible aux lois de l'ordonnance humaine. Et si, comme
l'affirmait Baudelaire « ce qui est créé par l'esprit est plus vivant
que la matière », c'est bien l'art poétique, par sa puissance
transfiguratrice, qui permet cette alchimie, capable de rendre plus
réelle la signification transcendante des mots que la réalité immanente
qu'ils désignent. La poésie apparaît ainsi plus profonde, plus sensée,
voire plus vraisemblable que la vie elle-même. Porteuse d'imaginaire,
elle suscite chez le lecteur des sensations, et à la façon d'un rêve,
elle l'invite l'espace d'un instant à voyager vers un univers inconnu,
qui est autant un questionnement qu'une réponse...
© Clarisse Q. (Lycée en Forêt, Classe de Seconde 1, janvier 2012)
Relecture du manuscrit : Bruno Rigolt
Relecture du manuscrit : Bruno Rigolt
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665. Le port de Palerme : le commentaire de Sarah
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Source du document : http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2012/01/22/objectif-eaf-commentaire-litteraire-anna-de-noailles-le-port-de-palerme-par-sarah/
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TEXTE
Je regardais souvent, de ma chambre si chaude, Le vieux port goudronné de Palerme, le bruit
Que faisaient les marchands, divisés par la fraude,
Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,
Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui…
J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,
Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillir
Cet éternel souhait du cœur humain : partir !
— Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usine
Dans ces cieux où le soir est si lent à venir…
C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lève
Sur la ville et le port que son aile assainit.
Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.
J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,
Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,
Dans le désert d’azur les citernes du rêve.
© Sarah B. (Lycée en Forêt, Classe de Seconde 1, janvier 2012)
Relecture du manuscrit : Bruno Rigolt
NetÉtiquette : article protégé par copyright ; la diffusion publique est autorisée sous réserve d’indiquer le nom de l’auteur ainsi que la source (URL de la page).
Source du document : http://brunorigolt.blog.lemonde.fr/2012/01/22/objectif-eaf-commentaire-litteraire-anna-de-noailles-le-port-de-palerme-par-sarah/
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TEXTE
Je regardais souvent, de ma chambre si chaude, Le vieux port goudronné de Palerme, le bruit
Que faisaient les marchands, divisés par la fraude,
Autour des sacs de grains, de farine et de fruits,
Sous un beau ciel, teinté de splendeur et d’ennui…
J’aimais la rade noire et sa pauvre marine,
Les vaisseaux délabrés d’où j’entendais jaillir
Cet éternel souhait du cœur humain : partir !
— Les vapeurs, les sifflets faisaient un bruit d’usine
Dans ces cieux où le soir est si lent à venir…
C’était l’heure où le vent, en hésitant, se lève
Sur la ville et le port que son aile assainit.
Mon cœur fondait d’amour, comme un nuage crève.
J’avais soif d’un breuvage ineffable et béni,
Et je sentais s’ouvrir, en cercles infinis,
Dans le désert d’azur les citernes du rêve.
C'est en 1913 qu'Anna de
Noailles (1876-1933), écrivaine française, première femme commandeur de la
Légion d'honneur, rédige « Le port de Palerme », évocation nostalgique d'un
lieu maritime typique et de l'ambiance qui y règne. Ce texte, qui figure dans
le recueil Les Vivants et les Morts, chante avant tout l'amour pour
les paysages et porte les empreintes fortes du lyrisme romantique. Composé
de seize alexandrins, ce poème est donc à la fois une description très
pittoresque, mais aussi et surtout, une célébration de l'ailleurs et du partir,
tout autant qu'une idéalisation du lieu.
Trois axes structureront notre analyse. Après avoir évoqué ce qu'on pourrait qualifier de « poétique du pittoresque », nous verrons combien la description réaliste fait place à une idéalisation du réel en lui donnant à exprimer l'envie d'ailleurs et de voyage. Nous montrerons enfin plus brièvement comment, à travers la forme symboliste de cet épanchement, l'auteure nous transporte vers l'au-delà.
Trois axes structureront notre analyse. Après avoir évoqué ce qu'on pourrait qualifier de « poétique du pittoresque », nous verrons combien la description réaliste fait place à une idéalisation du réel en lui donnant à exprimer l'envie d'ailleurs et de voyage. Nous montrerons enfin plus brièvement comment, à travers la forme symboliste de cet épanchement, l'auteure nous transporte vers l'au-delà.
En premier lieu, le poème
d'Anna de Noailles présente une description particulièrement réelle et
pittoresque du port de Palerme.
C'est tout d'abord le registre réaliste qui frappe dès la première lecture. On voit dans la strophe 1 par exemple que l'auteure utilise nombre d'éléments volontairement empruntés au réel référentiel. N'est-ce pas la vie de tous les jours qui est évoquée à travers la description du port ? Des termes comme « goudronné » et « citerne » sembleraient même presque déplacés dans une poésie. De plus, Anna de Noailles décrit l'activité marchande et manufacturière qui se déroule autour du port, ce qui situe le texte dans l'espace du travail : ainsi nous parle-t-elle de « sacs de grains, de farine et de fruits », de « vapeurs » ou de « sifflets ». Cette présence du registre réaliste et de détails vrais situe presque le texte dans la chronique sociale et le concret : un port bruyant, populaire… Nous pouvons imaginer qu'Anna de Noailles, femme de la haute aristocratie, regarde avec superbe et sans doute compassion ces humbles vendeurs, affairés à leurs marchandages.
C'est tout d'abord le registre réaliste qui frappe dès la première lecture. On voit dans la strophe 1 par exemple que l'auteure utilise nombre d'éléments volontairement empruntés au réel référentiel. N'est-ce pas la vie de tous les jours qui est évoquée à travers la description du port ? Des termes comme « goudronné » et « citerne » sembleraient même presque déplacés dans une poésie. De plus, Anna de Noailles décrit l'activité marchande et manufacturière qui se déroule autour du port, ce qui situe le texte dans l'espace du travail : ainsi nous parle-t-elle de « sacs de grains, de farine et de fruits », de « vapeurs » ou de « sifflets ». Cette présence du registre réaliste et de détails vrais situe presque le texte dans la chronique sociale et le concret : un port bruyant, populaire… Nous pouvons imaginer qu'Anna de Noailles, femme de la haute aristocratie, regarde avec superbe et sans doute compassion ces humbles vendeurs, affairés à leurs marchandages.
Ce soin pour
vraisemblabiliser la description et ancrer le lecteur dans la réalité
quotidienne a néanmoins de quoi surprendre. Comme nous le notions, l'écrivaine
emploie un lexique parfois bien peu empreint de poésie. C'est ainsi que
l'adjectif « goudronné » au vers 1, projette sur le vieux port une utilité
révélatrice du processus d'urbanisation qui a touché la ville de Palerme lors
de la révolution industrielle. Ce primat du référentiel est quelque peu
paradoxal, particulièrement sous la plume d'une auteure symboliste, dont la
poésie apparaît comme le lieu de contestation de la toute-puissance rationnelle
: le titre du recueil, Les Vivants et les morts, en est la probante
illustration.
Grâce
à cette prépondérance du référentiel, tout concourt à un effet pittoresque dans
le sens où sont accumulées les notations visuelles pour nous faire imaginer la
vie locale, et l'ambiance populaire qui règne sur le port, avec ces « marchands
divisés par la fraude » qui crient ou haranguent les passants. Comment ne pas
imaginer les interminables tractations « autour des sacs de grains, de farine
et de fruits ». Il est également question du « bruit » que font ces vendeurs,
terme quelque peu péjoratif ici. De même, « la rade noire et sa
pauvre marine » évoquées au vers six, font-elles ressurgir les vieux clichés
sur les villes méditerranéennes, souvent mal entretenues, en proie aux trafics
en tous genres et aux activités illicites qui s'y déroulent.
Par cette description pittoresque de la population, Anna de Noailles amène le
lecteur à se projeter dans la réalité concrète du port. Néanmoins, il est
permis de s'interroger : certes, le registre semble à première vue celui du
réalisme et de l'objectivité, mais il n'en demeure pas moins qu'Anna de
Noailles, si elle travaille sur le même terrain que les naturalistes, retire
quelque peu au monde réel sa matière et son enjeu social. Le fait
d'articuler le registre symboliste sur le registre réaliste produit un effet
poétique particulièrement original : c'est ainsi que le réel semble soudain
métamorphosé grâce à ce croisement entre la réalité et l'imaginaire, qui va
progressivement faire naître, ainsi que nous allons le voir, des
impressions de plus en plus irréelles.
Pour réaliste qu'elle soit,
la description du port amène donc subtilement la poétesse à changer et à
métamorphoser un lieu populaire ainsi qu'une réalité éminemment ordinaire en un
paysage rempli d'inspiration, de rêve et de beauté.
Commençons par nous
intéresser à l'idéalisation du réel. On peut voir implicitement que le port,
pourtant bien « concret », tend à conquérir l'espace du voyage et de
l'ailleurs. Par quelques notations impressionnistes, le décor se
métamorphose en un paysage onirique : ainsi, de banales citernes
portuaires, témoignage des grandes raffineries de sucre construites au centre
du golfe de Palerme, peu esthétiques et
assez grossières architecturalement, deviennent des « citernes du rêve », comme
si la poétesse aspirait à trouver dans son imaginaire, un paysage apte à faire
ressurgir, selon le credo romantique, les élans lyriques du cœur.
Remarquons en effet
combien, même la réalité la plus triviale, semble soudainement embellie : c'est
ainsi que le vent au vers onze, confère à ce décor urbain des connotations
d'envol et de plénitude : « son aile assainit ». N'incarne-t-il pas dès
lors l'idéal et le spirituel, en opposition au monde matérialiste et
vulgaire ? Nous pouvons également remarquer combien Anna de
Noailles paraît attendre le soir « si lent à venir » comme un philtre, « un
breuvage ineffable et béni » susceptible d'apporter l'inspiration. Le choix de
ces deux adjectifs n'est pas, comme nous le verrons un peu plus loin, sans
conséquence : c'est à une quête de pureté et d'absolu que nous
convie l'écrivaine.
De même, l'auteure utilise des images susceptibles de variations subtiles. Témoin ces « cercles infinis », dont la dimension spiraloïde connote, outre un éloignement du réel, une sorte de mouvement centrifuge qui semble faire l'apologie d'un paysage infini et sans limite, si caractéristique de l'imaginaire symboliste. C'est bien l'appel du voyage et du partir qui se trouve évoqué ici. Le port de Palerme devient ainsi « le lieu du voyageur ». Plus qu'un simple dépaysement, le paysage est prétexte à une quête de l'inspiration. Le contraste entre les termes « splendeur » et « ennui » au vers cinq, évoque ainsi la majesté et l'immensité de la mer, par opposition avec la monotonie des longues journées méditerranéennes, où le temps semble arrêté. « Le Port de Palerme » est ainsi une ode au Voyage. Les « vaisseaux », fussent-ils « délabrés », de même que les « vapeurs » dont il est question aux vers sept et neuf, mettent l'accent sur l'immatériel.
N'est-ce pas tout le mythe du voyage en Orient qui semble ressurgir dans ces vers ? Par ses connotations, le mot « vaisseaux » pourrait en effet faire songer à la découverte de cultures magnifiques, de lieux sacrés où se lèvent d'autres soleils et d'autres rêves. Dès lors, le vers huit résonne comme une prière autant qu'un appel : « Cet éternel souhait du cœur humain : partir!». Renforcé par la tournure exclamative, le verbe traduit un emportement, presque une exultation. Enfin, l'expression « désert d'azur» du dernier vers renforce cet appel de l'Orient que nous évoquions à l'instant : euphorie du voyage idéalisé, appel de l'inconnu et du mystère, comme la quête d'une impossible Terre promise...
Approfondissons désormais cette
dimension idéaliste du texte d'Anna de Noailles. De fait, « le Port de
Palerme » est tout à fait représentatif de la réaction spirituelle,
idéaliste voire idéiste, qui marquera la fin du dix-neuvième
siècle et les premières années du vingtième siècle. Anna de Noailles
nous fait part d'un paysage dont nous pourrions dire qu'il est d'une certaine
façon non figuratif.De même, l'auteure utilise des images susceptibles de variations subtiles. Témoin ces « cercles infinis », dont la dimension spiraloïde connote, outre un éloignement du réel, une sorte de mouvement centrifuge qui semble faire l'apologie d'un paysage infini et sans limite, si caractéristique de l'imaginaire symboliste. C'est bien l'appel du voyage et du partir qui se trouve évoqué ici. Le port de Palerme devient ainsi « le lieu du voyageur ». Plus qu'un simple dépaysement, le paysage est prétexte à une quête de l'inspiration. Le contraste entre les termes « splendeur » et « ennui » au vers cinq, évoque ainsi la majesté et l'immensité de la mer, par opposition avec la monotonie des longues journées méditerranéennes, où le temps semble arrêté. « Le Port de Palerme » est ainsi une ode au Voyage. Les « vaisseaux », fussent-ils « délabrés », de même que les « vapeurs » dont il est question aux vers sept et neuf, mettent l'accent sur l'immatériel.
N'est-ce pas tout le mythe du voyage en Orient qui semble ressurgir dans ces vers ? Par ses connotations, le mot « vaisseaux » pourrait en effet faire songer à la découverte de cultures magnifiques, de lieux sacrés où se lèvent d'autres soleils et d'autres rêves. Dès lors, le vers huit résonne comme une prière autant qu'un appel : « Cet éternel souhait du cœur humain : partir!». Renforcé par la tournure exclamative, le verbe traduit un emportement, presque une exultation. Enfin, l'expression « désert d'azur» du dernier vers renforce cet appel de l'Orient que nous évoquions à l'instant : euphorie du voyage idéalisé, appel de l'inconnu et du mystère, comme la quête d'une impossible Terre promise...
Ainsi que nous le
pressentions, l'expérience de l'effacement du réel se veut une expérience de
l'impossible et du non représenté. Démarche presque provocatrice s'il en est
: rédigé en 1913, soit un an avant la première Guerre Mondiale,
c'est en effet un refus de tout engagement, que présuppose ce merveilleux
épanchement : vécue comme échappatoire aux vicissitudes de la vie, la
poésie permet de réinventer le monde : « engagement poétique »
plutôt qu'engagement « politique », comme une manière de conjurer les
tragédies de l'Histoire. Ainsi, c'est bien la quête et le déchiffrement qui
confèrent au poème sa dimension allégorique. Lorsque Anna de
Noailles évoque les «citernes du rêve», on ne sait pas vraiment ce
que représentent pour elle ces citernes : l'indéchiffrable est ainsi un voyage
: même les choses les moins belles sont matière au rêve. C'est alors que le
véritable voyage commence ; et sans doute il est vrai que pour Anna de
Noailles, le poème est surtout prétexte à un voyage métaphorique qui
se fait symboliquement à travers les mots. Pour la «muse des
jardins», la poésie participe en effet d'un réenchantement du réel.
N'écrivait-elle pas, dans son recueil Le Cœur innombrable paru en
1901, qu'« il n'est rien de réel que le rêve et l'amour» ?
Dès lors, le poème peut
se lire comme une interrogation métaphysique sur la vie et la mort, comme nous
y invite d'ailleurs le titre du recueil. Transcendant toute vraisemblance, le
texte est comme un appel à la Liberté et à l'Absolu. Comment ne pas évoquer ici
les propos de Mallarmé, selon qui « la poésie est l'expression, par le
langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de
l'existence : elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule
tâche spirituelle ». Mais ce chemin vers les symboles est aussi pouvoir de l'Esprit
sur les sens. L'« ineffable » dont parle Anna de Noailles signifie en
effet ce qui ne peut être dit, que l'on ne peut comprendre qu'en le
déchiffrant. Pareillement, le terme de « breuvage » est comme un symbole
initiatique. Enfin l'adjectif « béni » semble placer le
poème sous la protection de Dieu, et l'on pourrait parler ici d'un
symbolisme mystique comme chemin possible de l'art poétique en quête d'une
vérité qui reste toujours à déchiffrer.
Revenons en conclusion sur
un point qui nous paraît essentiel : comme nous l'avons compris, pour Anna de
Noailles comme pour les Symbolistes en général, si la poésie est vécue comme
une idéalisation du réel, c'est qu'elle confère au langage l'ambitieuse mission
de réinventer le monde. « Le Port de Palerme » est ainsi l'expression
d'un voyage, d'autant plus fabuleux qu'il est métaphorique : voyage immobile,
apte à saisir l'idéal, le transcendant et l'indicible... Cette quête de
l'ailleurs ne s'apparente-t-elle pas, finalement, à une quête de soi ? Partir
pour mieux se retrouver...
© Sarah B. (Lycée en Forêt, Classe de Seconde 1, janvier 2012)
Relecture du manuscrit : Bruno Rigolt
NetÉtiquette : article protégé par copyright ; la diffusion publique est autorisée sous réserve d’indiquer le nom de l’auteur ainsi que la source (URL de la page).
664. Etude d'un poème d'Anna de Noailles
1. Introduction
La mort est un thème lyrique qui a inspiré les poètes les plus divers, de Villon aux grands romantiques comme Lamartine et Victor Hugo.
Or, dans La Mort Fervente, poème qu'elle publie en 1901 dans son recueil "Le cœur innombrable", Anna de Noailles renouvelle complètement ce thème devenu banal.
2. Lecture du poème : La mort fervente
Mourir des flèches d'or du tendre crépuscule,
Sentir que l'âme douce et paisible recule
Vers la terre profonde et l'immortel amour.
S'en aller pour goûter en elle ce mystère
D'être l'herbe, le grain, la chaleur et les eaux,
S'endormir dans la plaine aux verdoyants réseaux,
Mourir pour être encor plus proche de la terre...
3. Annonce des axes d'étude
A) Une mort sereine
1) Le lexique
"paisible", "calmement "
2) Les euphémismes
Euphémisme : cas particulier de la litote
Ex : "s’en aller", "s’endormir", "reculer".
Le tragique de la mort est évacué.
La mort est présentée comme un simple départ et un sommeil.
3) L'adoucissement des termes qui suggèrent la souffrance
"douloureuse et douce volupté"
4) Le choix de l'alexandrin
Rythme assez lent, serein, avec la césure à l’hémistiche.
B) Une mort voluptueuse et fervente
1) Une mort fervente
Répétition anaphorique des infinitifs : "Mourir" et "Sentir", "S’en aller"
expression du souhait : la mort est désirée.
2) Une mort voluptueuse
Lexique des sensations : "goûter", "sentir"
- sensations visuelles : couleur verte de la végétation, couleur dorée du crépuscule
- sensations olfactives : cœur parfumé
- sensations auditives : rumeur de l’air
- changement de température : fraîcheur/chaleur
- synesthésie mettant l’accent sur la volupté de la mort, le plaisir des sens
II Une communion panthéiste avec la vie universelle
La mort est présentée non pas comme une rupture avec la vie, mais comme une communion avec la nature universelle.
A) La mort comme fusion avec la nature
1) Le lexique de la fusion
"mêlant", "joignant", "baignant"
2) Les compléments circonstanciels de lieu et de temps
Très nombreux.
Ex : - lieu : "dans la buée ardente de l ‘été", "dans la plaine…"
- temps : "quand parfumé…", "été", "avec la fin du jour"
- harmonie avec la nature
3) La construction de la strophe 2
succession de participes présent ó simultanéité
4) Le choix du moment
Le crépuscule, pour mourir en même temps, avec le jour; pour accompagner son agonie.
B) Le rôle des métaphores
1) La métaphore de la grappe
D’abord une comparaison : "comme une grappe",
Puis métaphores : "penchant et lourd", "balance et frappe", "s’égrène"
Allitérations en [c] et en [d] ó battements répétés du cœur
2) La personnification des bois
"yeux fleurissants des bois verts" : jeu sur la polysémie du mot "yeux"
- impression de fusion entre l’homme et la nature :
la nature s’"humanise" et l’homme devient nature.
C) La mort niée
1) Le choix de la saison
Été ou printemps. La nature est en plein épanouissement.
Ex : "verdoyants réseaux". Participes présents : épanouissement
2) Une vie sans cesse renaissante
Cycle de la nature.
Chiasme : v.7-8 : "antique et naissant univers"
"sa jeunesse et son âge"
elle insiste sur le caractère éternel et sans cesse nouveau de la nature
Rimes claires : [age] et [ers]
3) Une révélation
"mystère" : aspect initiatique
On meurt pour découvrir les secrets les plus profonds de la nature.
5. Conclusion
La mort fervente est poème sur la mort mais c'est en réalité un hymne à la vie. La mort qui ouvre une porte sur la fusion avec la nature même.
Source : http://www.bacdefrancais.net/fervente.php
La mort est un thème lyrique qui a inspiré les poètes les plus divers, de Villon aux grands romantiques comme Lamartine et Victor Hugo.
Or, dans La Mort Fervente, poème qu'elle publie en 1901 dans son recueil "Le cœur innombrable", Anna de Noailles renouvelle complètement ce thème devenu banal.
2. Lecture du poème : La mort fervente
Mourir dans la buée
ardente de l'été,
Quand parfumé, penchant et lourd comme une grappe,
Le cœur, que la rumeur de l'air balance et frappe,
S'égrène en douloureuse et douce volupté.
Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage,
Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts,
Se mêlant à l'antique et naissant univers,
Ayant en même temps sa jeunesse et son âge,
S'en aller calmement avec la fin du
jour ; Quand parfumé, penchant et lourd comme une grappe,
Le cœur, que la rumeur de l'air balance et frappe,
S'égrène en douloureuse et douce volupté.
Mourir, baignant ses mains aux fraîcheurs du feuillage,
Joignant ses yeux aux yeux fleurissants des bois verts,
Se mêlant à l'antique et naissant univers,
Ayant en même temps sa jeunesse et son âge,
Mourir des flèches d'or du tendre crépuscule,
Sentir que l'âme douce et paisible recule
Vers la terre profonde et l'immortel amour.
S'en aller pour goûter en elle ce mystère
D'être l'herbe, le grain, la chaleur et les eaux,
S'endormir dans la plaine aux verdoyants réseaux,
Mourir pour être encor plus proche de la terre...
3. Annonce des axes d'étude
Nous montrerons comment l'auteur dépouille la mort de toute angoisse et la
transforme en communion privilégiée avec la vie universelle.
4. Étude méthodique
I Une mort sereine et voluptueuse 4. Étude méthodique
A) Une mort sereine
1) Le lexique
"paisible", "calmement "
2) Les euphémismes
Euphémisme : cas particulier de la litote
Ex : "s’en aller", "s’endormir", "reculer".
Le tragique de la mort est évacué.
La mort est présentée comme un simple départ et un sommeil.
3) L'adoucissement des termes qui suggèrent la souffrance
"douloureuse et douce volupté"
4) Le choix de l'alexandrin
Rythme assez lent, serein, avec la césure à l’hémistiche.
B) Une mort voluptueuse et fervente
1) Une mort fervente
Répétition anaphorique des infinitifs : "Mourir" et "Sentir", "S’en aller"
expression du souhait : la mort est désirée.
2) Une mort voluptueuse
Lexique des sensations : "goûter", "sentir"
- sensations visuelles : couleur verte de la végétation, couleur dorée du crépuscule
- sensations olfactives : cœur parfumé
- sensations auditives : rumeur de l’air
- changement de température : fraîcheur/chaleur
- synesthésie mettant l’accent sur la volupté de la mort, le plaisir des sens
II Une communion panthéiste avec la vie universelle
La mort est présentée non pas comme une rupture avec la vie, mais comme une communion avec la nature universelle.
A) La mort comme fusion avec la nature
1) Le lexique de la fusion
"mêlant", "joignant", "baignant"
2) Les compléments circonstanciels de lieu et de temps
Très nombreux.
Ex : - lieu : "dans la buée ardente de l ‘été", "dans la plaine…"
- temps : "quand parfumé…", "été", "avec la fin du jour"
- harmonie avec la nature
3) La construction de la strophe 2
succession de participes présent ó simultanéité
4) Le choix du moment
Le crépuscule, pour mourir en même temps, avec le jour; pour accompagner son agonie.
B) Le rôle des métaphores
1) La métaphore de la grappe
D’abord une comparaison : "comme une grappe",
Puis métaphores : "penchant et lourd", "balance et frappe", "s’égrène"
Allitérations en [c] et en [d] ó battements répétés du cœur
2) La personnification des bois
"yeux fleurissants des bois verts" : jeu sur la polysémie du mot "yeux"
- impression de fusion entre l’homme et la nature :
la nature s’"humanise" et l’homme devient nature.
C) La mort niée
1) Le choix de la saison
Été ou printemps. La nature est en plein épanouissement.
Ex : "verdoyants réseaux". Participes présents : épanouissement
2) Une vie sans cesse renaissante
Cycle de la nature.
Chiasme : v.7-8 : "antique et naissant univers"
"sa jeunesse et son âge"
elle insiste sur le caractère éternel et sans cesse nouveau de la nature
Rimes claires : [age] et [ers]
3) Une révélation
"mystère" : aspect initiatique
On meurt pour découvrir les secrets les plus profonds de la nature.
5. Conclusion
La mort fervente est poème sur la mort mais c'est en réalité un hymne à la vie. La mort qui ouvre une porte sur la fusion avec la nature même.
Source : http://www.bacdefrancais.net/fervente.php
04/09/2013
663. Evian : la maison Gribaldi. 1
Ancêtre de la 3D, ce procédé permettait de créer avec une intensité saisissante l’illusion de relief, grâce au visionnage simultané de deux images planes à travers un appareil à double optique : le stéréoscope. Il suscita un véritable engouement chez les photographes amateurs de la Belle Epoque, comme en témoignent les deux fonds acquis par la Ville, rassemblant au total près de 400 clichés.
Ces positifs en noir et blanc jettent un éclairage précis et émouvant sur l’Evian des premières années du XXe siècle, qu’ils saisissent dans les occupations quotidiennes de ses habitants, dans des circonstances plus rares ou lors de manifestations festives. Ils permettent en outre de mesurer l’évolution du paysage urbain et l’importance de l’activité touristique.
Notons enfin deux exceptionnelles séries de clichés consacrées, l’une aux essais d’hydravion sur le Léman, l’autre à la propriété Bassaraba de Brancovan, qui nourrit l’inspiration littéraire de la poétesse Anna de Noailles.
Présentation reprise et adaptée à partir du site Internet de la ville d'Evian
Les messages 663 à 658 ci-après présentent une sélection de documents relatifs à cette exposition dans laquelle la vie et l’œuvre d'Anna de Noailles ont une place privilégiée.
Que Monsieur Denis Ecuyer, adjoint au Maire, chargé de la culture, initiateur de cette exposition, en soit chaleureusement remercié.
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658. A la maison Gribaldi : lettres d'Anna de Noailles
Cette correspondance n'est pas disponible sur Internet mais elle peut être consultée librement à la Médiathèque "Charles Ramuz" de la Ville d'Evian.
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