04/12/2010

140. Elyane Savy : l'imaginaire dans l'oeuvre d'Anna de Noailles. 1

1/5. En 1876, quand naît la princesse Anna de Brancovan, le grand frisson romantique qui a secoué tout le dix-neuvième siècle est à l'agonie. En réaction contre les effusions sentimentales des romantiques, les Parnassiens se sont rangés derrière Leconte de Lisle, Mallarmé derrière Baudelaire, les symbolistes derrière Mallarmé et l'aventure littéraire a atteint son apogée avec la révolution poétique menée par Rimbaud. Pourtant, dans les salons feutrés du boulevard de Latour-Maubourg, puis au milieu des poufs, des porcelaines et des ivoires du palais oriental de l'avenue Hoche, ou parmi les terrasses fleuries du jardin d'Amphion, on ne se lasse pas des douces rêveries mélancoliques : là le romantisme n'est pas tout à fait dépassé. C'est le décor où Anna fait ses premiers pas dans la vie. Elle grandit dans un climat de fêtes, de musique et de poésie. Très vite, son entourage remarque sa sensibilité peu commune et ses dons littéraires précoces. La petite Anna commence à écrire ses premières poésies. Elle n'arrêtera plus d'écrire.
Devenue Comtesse de Noailles en 1897 par son mariage avec Mathieu de Noailles, elle fait très tôt son entrée sur la scène littéraire. Dès 1898. Félix Ganderax publie ses premiers poèmes, "Litanies", dans la Revue de Paris du 1er Février, puis "Bittô", le 15 avril 1900. En juillet de cette même année. "Exaltation" parait dans la Revue des Deux Mondes et enfin, le 8 mai 1901, Calmann-Lévy présente au public son premier recueil de poèmes « Le Coeur innombrable ». C'est le début d'une grande carrière. A peine admise par le lecteur parisien parmi les plus grands noms de la poésie qu'elle veut s’essayer à la prose. De 1903 à 1905, trois romans « La Nouvelle espérance », « Le Visage émerveillé » et « La Domination » vont être offerts en pâture aux critiques. Déconcertée par les commentaires acerbes qu’elle trouve dans la presse, elle se tait pendant deux ans. En 1907, son retour à la poésie avec « Les Eblouissements » lui vote les félicitations d'un public enthousiaste. Et puis encore un silence, un long silence, cette fois de six ans.