Source de l'image : http://foxfires.deviantart.com/art/Sleeping-Beauty-49933463 .
Pauvre faune qui va mourir
Reflète-moi dans tes prunelles
Et fais danser mon souvenir
Entre les ombres éternelles.
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Va, et dis à ces morts pensifs
A qui mes jeux auraient su plaire
Que je rêve d'eux sous les ifs
Où je passe petite et claire.
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Tu leur diras l'air de mon front
Et ses bandelettes de laine,
Ma bouche étroite et mes doigts ronds
Qui sentent l'herbe et le troène,
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Tu diras mes gestes légers
Qui se déplacent comme l'ombre
Que balancent dans les vergers
Les feuilles vives et sans nombre.
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Tu leur diras que j'ai souvent
Les paupières lasses et lentes
Qu'au soir je danse et que le vent
Dérange ma robe traînante.
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Tu leur diras que je m'endors
Mes bras nus pliés sous ma tête,
Que ma chair est comme de l'or
Autour des veines violettes.
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Dis-leur comme ils sont doux à voir
Mes cheveux bleus comme des prunes,
Mes pieds pareils à des miroirs
Et mes deux yeux couleur de lune,
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Et dis-leur que dans les soirs lourds,
Couchée au bord frais des fontaines,
J'eus le désir de leurs amours
Et j'ai pressé leurs ombres vaines !
Le cœur innombrable, poèmes, Calmann-Lévy, 1901
