Le couvent des Clarisses d'Evain, aujourd'hui démoli .
(archives de l'auteur)
Je suis au milieu de ma vie qu'encore le couvent des Clarisses, bien qu'abandonné à présent, garde dans un matin de mai sa juvénile beauté. Mêlant mes souvenirs à la pure matinée, je vais essayer de dépeindre ce cloître modeste, sa joie rustique, sa blancheur de tubéreuse, ses lignes bien entendues, qui, contenant l'azur, le silence, la musique, de frémissantes prières et le sol vivace d'un jardin ordonné, me dispensaient tour à tour le calme captivant et l'allégresse dionysiaque. De bonne heure, le dimanche matin, sous le soleil de juillet et d'août, nous nous hâtions vers la chapelle du couvent.
La route à parcourir était assez longue, moelleuse de poussière blonde, bordée d'un côté par des ronciers et des mûriers, où les volubilis, si fragiles, naissaient, disparaissaient, comme un regard et un soupir de fleur.
De l'autre côté de la route, les collines s'appuyaient amicalement à l'espace, s'incurvaient pour laisser courir la ligne argentée où s'élançaient les trains, et précipitaient dans la plaine de petites sources torrentielles, qui s'abattaient en bouillonnant, en chuchotant, comme pour porter aux prairies, parmi les verts osiers, je ne sais quelle heureuse nouvelle des sommets.
J'ai, pendant mon enfance et non adolescence, parcouru cette route avec un plaisir si fort qu'il me semble avoir failli mourir de la joie de vivre. Cette joie m'était lancée de tous les points de l'étendue, et, me frappant comme de mille balles argentines, me faisait réellement chanceler de nostalgie céleste et d'ineffable convoitise. A mesure que nous approchions du couvent, la cloche aux sons distincts répandait à travers les clématites qui tapissaient les murailles du monastère son bruit vibrant, alerte, peiné aussi, comme émané d'un cœur fendu, trop sensible, mais brave, et qui distrait sa détresse, la rejette à mesure et bannit de soi toute langueur. Nous arrivions.
En face du couvent, la villa des "Quatre-Saisons" disparaissait sous la vigne vierge et les pétunias. J'éprouvais là, en regardant cette maison dans laquelle je n'étais jamais entrée, la prédilection de l'enfance pour ce qui ne lui appartient pas, et mon imagination situait en cette romanesque demeure des plaisirs sans blâme et un contentement sans défaut. Mais l'on m'arrachait à cette méditation pour me guider vers le religieux enclos.
La route à parcourir était assez longue, moelleuse de poussière blonde, bordée d'un côté par des ronciers et des mûriers, où les volubilis, si fragiles, naissaient, disparaissaient, comme un regard et un soupir de fleur.
De l'autre côté de la route, les collines s'appuyaient amicalement à l'espace, s'incurvaient pour laisser courir la ligne argentée où s'élançaient les trains, et précipitaient dans la plaine de petites sources torrentielles, qui s'abattaient en bouillonnant, en chuchotant, comme pour porter aux prairies, parmi les verts osiers, je ne sais quelle heureuse nouvelle des sommets.
J'ai, pendant mon enfance et non adolescence, parcouru cette route avec un plaisir si fort qu'il me semble avoir failli mourir de la joie de vivre. Cette joie m'était lancée de tous les points de l'étendue, et, me frappant comme de mille balles argentines, me faisait réellement chanceler de nostalgie céleste et d'ineffable convoitise. A mesure que nous approchions du couvent, la cloche aux sons distincts répandait à travers les clématites qui tapissaient les murailles du monastère son bruit vibrant, alerte, peiné aussi, comme émané d'un cœur fendu, trop sensible, mais brave, et qui distrait sa détresse, la rejette à mesure et bannit de soi toute langueur. Nous arrivions.
En face du couvent, la villa des "Quatre-Saisons" disparaissait sous la vigne vierge et les pétunias. J'éprouvais là, en regardant cette maison dans laquelle je n'étais jamais entrée, la prédilection de l'enfance pour ce qui ne lui appartient pas, et mon imagination situait en cette romanesque demeure des plaisirs sans blâme et un contentement sans défaut. Mais l'on m'arrachait à cette méditation pour me guider vers le religieux enclos.