21/11/2012

573. Novembre - Toi seul est vrai

NOVEMBRE


Automne, je suis née en ta froide saison,
Quand ta pluie mince et résignée
Dissout dans les vergers les poires épargnées
Et ouate d'ombre l'horizon ;
Je regarde en souffrant cette humide prison,
Est-ce le regret d'être née ?

Ta paix appesantie, en accueillant mes jours,
Fit de moi ton enfant ingrate.
Rien en mon cœur n'admet tes midis clairs et courts,
Ni tes feuilles aux tons de chamois et d'agate,
Je t'avais, en naissant, délaissé pour toujours !

— Je ne vous aime pas, saison mélancolique.
Froides routes où tinte, ainsi qu'un fin tocsin,
La châtaigne couleur d'acajou et d'oursin.
Ni vous, pleur de minuit, droite et triste colchique!

Rendez-moi le bonheur et l'espoir printaniers,
Le jour qui lentement s'allonge avec paresse,
Qui s'attarde le soir, qu'aucun appel ne presse,
Qui peut tout obtenir et peut tout dédaigner,
Pareil au jeune amour, à la calme jeunesse.
Que m'importe la pourpre ardeur que vous feignez,
Automne ! et vos soleils, et vos tièdes caresses.
Puisque votre beauté n'est plus une promesse...

TOI SEUL ES VRAI...

Toi seul es vrai, beau ciel qui songes et palpites,
Paisible et scintillant d'amour;
Toi seul es pur, éther, où jamais ne s'agite
Le pas harmonieux des jours.

Mon esprit est lassé des humaines paroles,
Tout est faible, inique ou menteur,
Je souffre du tumulte où mon être s'isole.
Plein de justice et plein d'honneur.

Et pourtant le désir, la claire intelligence,
L'instinct suave et fraternel,
Ne désespèrent pas de votre vigilance,
Avenir, chemin éternel !

En cette nuit d'été, savante, ample, naïve.
Et qui calme un cœur inquiet,
Je songe à vous, Destin, à tout ce qui arrive
Et console de ce qui est !

J'entends vos chants d'accueil, vos vœux de bienvenue,
Lois des cieux constellés, sagesse de la nue,
Vous en qui plus rien ne me nuit !
Qu'importent les cœurs sourds et les âmes sans rêve,
L'inéluctable en vous se berce et se soulève,
Respiration des nuits !

Puissé-je, pour qu'enfin mon cœur de moi s'élance,
Confier le pouvoir de mon songe zélé
A l'affirmation de ce ciel étoile,
Et transmuer ma voix en ce divin silence !...

Les Forces Eternelles