18/11/2012

546. Automne, ton soleil - Pluie printanière

AUTOMNE, TON SOLEIL...

Automne, ton soleil, comme une tiède main.
S'est encor ce matin posé sur mon visage,
Une claire gaieté émanait des chemins
Où les ruisseaux glissaient comme un liquide herbage

Il semblait que l'été, rétrécissant son cœur.
Eût laissé dans l'azur ce cercle étroit et tendre
D'un soleil plus lointain, dont la pâle chaleur
S'isolait dans l'éther sans vouloir en descendre.

— Mais ce ciel délicat, paisible, cristallin,
Ne pouvait pas tromper, triste Automne économe,
Cet amoureux besoin qu'a la race des hommes
De louer ce qui naît, et non ce qui s'éteint !

Le doux parfum des bois dissous dans le silence,
Les jardins, leur dernier œillet, mince et fringant,
L'abeille frappant l'air d'un vol moins arrogant,
M'emplissaient d'une amère et sûre défiance.

— Et pourtant, que m'importe, enfin, ce sol plus nu !
Voudrais-je maintenir l'expansion suprême ?
Ayant tout désiré, ayant tout obtenu.
L'excès dans la douleur et dans le plaisir même,

Ne dois-je pas aimer cette saison qui meurt,
Qui ferme lentement ses ailes fatiguées,
Et qui, sentant faiblir l'éclat et les rumeurs,
Se confie au néant, soumise et subjuguée ?

PLUIE PRINTANIERE

Eau tendre où le printemps abonde,
Pluie industrieuse et féconde,
Dont le clair et piquant tapage
Est en marche dans le feuillage.
Fine habitante des nuages,
Toi qui transmets le ciel au monde,
Viens danser dans mes mains ouvertes,
Abaisse tes pieds diligents,
— ma sauterelle d'argent —
Sur ma joue à tes jeux offerte ;
La nue auguste se dévide
En minces écheveaux liquides.
— Ondée heureuse qui me touches,
Tu peux donc laisser sur ma bouche
La saveur des hautains espaces.
Tout ce que mon regard embrasse
Quand il parcourt la vaste nue
Est dans ta douce bienvenue.
— perleuse et tremblante échelle
Où mon regard va s'élevant
Aussi rapide que le vent,
Je me tiens sur ta passerelle !
Apaise par ton eau légère,
Qui pourtant s'abat en torrent,
La grande soif d'un cœur souffrant
En qui tout émoi s'exagère !
Viens noyer sous ton eau hardie
Mon déraisonnable incendie ;
Éteins ce cœur si brave, et qui
Languit sur ses lauriers conquis ;
Endors ce frémissant espoir
Qui s'irrite et ne peut surseoir,
Et que je sois, humide amie,
Sous ta ruisselante accalmie,
Comme une Naïade endormie...

Les Forces Eternelles