CHARME D'UN SOIR DE MAI...
Charme d'un soir de Mai, que voulez-vous me dire ?
Comme un corps plein d'amour vous venez contre moi;
Pourtant à peine suis-je une âme, je respire
Humblement, comme l'herbe et les oiseaux des bois.
Pourquoi m'invitez-vous ? Je me tais, je sommeille,
Je goûte un frais repos, malgré l'immense odeur
Du printemps installé, qui répand à l'oreille,
A l'œil, à l'odorat ses multiples ardeurs.
Forces de la nature, acceptez que je chôme !
Laissez que mon esprit jouisse d'être seul
Avec ses feux voilés, pareils à des fantômes,
Mais retenez un peu, ô nuit, ô lourd tilleul,
Le mol ouragan des arômes !
AZUR
L'azur, compact et dur, abonde
Et s'accumule avec furie :
Il semble bâti sur le monde,
— O sublime maçonnerie ! —
Sous cette accablante chaleur
Tout l'univers ploie et suffoque
Comme un cœur sous un autre cœur.
L'azur est brillant de lueurs
Qui s'aiguisent et s'entrechoquent.
Le subit arôme des fleurs
S'élançant avec hardiesse.
Donne, autant que font les caresses,
L'ample surprise du bonheur.
Soudain, dans l'éther qui me noie,
Un parfum plus puissant surgit :
Il pénètre en moi et s'éploie,
Et mon cœur s'enfle et s'élargit
Pour le passage de la joie !...
VENT D'ETE
Le vent largo et léger, moissonneur des arômes,
Les répand dans le pur désert des soirs d'été ;
Les forêts et les lacs sont dans l'air transportés,
Il semble que le ciel et les astres embaument.
Et dans ce soir où rien n'est plus amer ni lourd,
Sous ce dôme étoile qui rêve calmement,
J'ai comme un angélique et doux pressentiment
De bonheur sans amour !
Les Forces Eternelles