18/11/2012

539. Salutation - Scintillement

SALUTATION


Le vent matutinal, des coteaux à la rive
Bondit comme un troupeau d'agneaux qu'on délia.
Du balcon brasillant, suave perspective,
Le lac semble porté par les magnolias
Tant l'azur satiné se mélange à leurs branches ;
Et ce long flot soyeux tout uniment s'épanche
Dans les arbres charnus. Les oiseaux submergés
Se baignent dans les airs et paraissent nager.
Quelle amitié rêveuse et nostalgique lie
Cette franche Savoie à l'ardente Italie?
— Je pense à sainte Claire, à Jeanne de Chantai,
Et, dans ce gai septembre où l'air est de cristal,
Où les parfums ainsi que les rumeurs s'aiguisent,
J'entends sur le coteau, liquides et précises,
Les cloches des troupeaux tinter limpidement.
Et c'est, dans l'herbe verte où scintille l'église,
Comme un humble angélus offert pieusement
Par saint François de Sale à saint François d'Assise.

SCINTILLEMENT

Le frais printemps est revenu,
Sa tiède atmosphère ébahie
Répand ce plaisir vif, ténu,
Qui semble toujours inconnu.
Les bois sont imbibés de pluie ;
Les lourds bourgeons gonflés, mouillés,
Scintillent d'eau et de lumière.
— O verte éponge printanière,
Tu fais ruisseler sur le cœur
La joie humide des odeurs !
Comme des elfes invisibles
Tous ces petits parfums contents
S'en vont s'insinuant, sautant,
Sous les fins herbages flexibles :
Frais piétinement clandestin
Qui rend la Nature attentive !
Les vents légers ont ce matin
Cette odeur d'onde et de lointain
Qu'ont les vagues contre les rives.
— Divine spontanéité,
Jeunesse éternelle du monde,
Verte cosse où mûrit l'été,
Printemps en qui l'espoir abonde,
Ah ! demeurez à peine ouvert,
Ne dépliez pas vos feuillages,
C'est vous la fierté du jeune âge.
Car les étés vont vers l'hiver !...

Les Forces Eternelles