25/11/2012

618. L'amour ne laisse pas


















L'amour ne laisse pas que longtemps on l’oublie,
Au front qui fut distrait il met un joug plus dur,
Il gît au fond des corps comme au fond de l'azur,
Ainsi qu'une suave et persistante lie.

Quand dans les jours parfaits des étés somptueux
On croit pouvoir sans lui connaître l'allégresse,
Il trouble notre joie ou bien notre paresse
Par un doute rêveur, sagace et langoureux.

Vous avais-je oublié, avais-je, folle, et triste.
Un instant échappé à vos constantes lois,
Inexorable Amour ? Avais-je dit : J'existe,
Je respire, je suis, je réfléchis, je vois,

Sans me sentir soumise à vos sublimes ordres ;
Avais-je décidé que j'étais libre enfin
De détourner la joue où vous souhaitiez mordre,
Et de n'assouvir plus votre soif, votre faim ?

Et cependant, Amour, dieu trompeur, dieu fidèle,
Du distrait univers vous le seul protégé,
C'est ma gloire, que nul ne pourra déranger.
D'avoir su déchiffrer tout ce qui vous révèle,
D'avoir fixé mes yeux sur vos mains éternelles,
Et de n'avoir écrit que pour vous prolonger...

Les Forces Eternelles

Illustration : Versailles. Le temple de l'Amour

Source : http://fgintrand.files.wordpress.com/2011/03/temple-de-lamour-versailles2.jpg