REPOSE-TOI, TAIS-TOI...
Repose-toi, tais-toi, respire seulement,
Pour enchanter mon cœur il suffit que tu vives,
Ton regard a le poids de deux noires olives
Dans ton visage pâle, anxieux et charmant.
Tu goûtes, en fumant, la chaleur catalane,
Dans un blanc cabaret, sur le sol de safran ;
On voit un aloès, un cimetière, un âne,
Et l'enivrant azur du ciel indifférent.
Et voici que, traînant leur guitare enjôleuse,
Deux graves mendiants, suffoqués par Tété,
Implorent de l'hôtesse, avec humilité.
Le vin acide et froid, dont l'odeur est rugueuse.
— Le plaisir tout à coup rend ton œil bondissant,
Tu viens de leur parler dans cette langue obscure
Qui semble mélanger la caresse et l'injure,
Et la fierté courtoise au secret menaçant.
Et voici que, riant, se lamentant, sans hâte,
Ils commencent pour toi, sur le sombre instrument.
Ce jeu astucieux d'acrobate et d'amant,
D'où le rythme heurté comme un orage éclate !
Et tu ne bouges plus, tu semblés étourdi .
Par cette frénésie implacable, acérée,
Et ton regard se perd dans le long paradis
De cette musique acre, agressive et bistrée...
L'ETRE NE RECHERCHE.
L'être ne recherche que soi
A travers le multiple choix
De l'amour et de ses orages.
Désir, somptueux voyage
Vers notre fascinante image
Qui nous exalte ou nous déçoit !
— C'est à soi-même qu'on veut plaire
Sur le cœur brûlant qui nous plaît,
Où, dans l'ivresse et la colère,
Ne sachant si l'on aime ou hait,
Par la volupté l'on espère
Mourir, — et ne mourir jamais !
Les Forces Eternelles