PREDESTINATION
Ce qui fut à jamais existe,
Je songe au cœur qui m'a tant nui,
Son amour était comme un triste
Violoncelle dans la nuit.
Il languissait, j'étais vivante;
La tristesse et la volonté
Sont vos deux royales servantes,
Langoureuse volupté !
— En quels siècles, chez quels ancêtres.
Dans quelle ombre, sous quels rayons,
Ont-elles commencé de naître
Ces invincibles unions ?
Nul ne dispose de ses rêves
A travers l'immense parcours
Que fait parmi l'humaine sève
Le savant instinct de l'amour..
L'ATTRAIT
Même sans la suave, insistante saison,
Qui me torture, hélas, de toutes ses essences,
Pourrais-je, mon amour, repousser ta présence,
Je suis la maladie et toi la guérison.
Un équilibre doux, tranquille, sur et sage
S'empare de ma vie à te voir respirer ;
En tous lieux je suffoque, et c'est ton seul visage
Qui me semble aéré !
Je suis le desservant et toi le tabernacle.
Tu me parais unique autant qu'universel.
Se peut-il que l'amour, étant un tel miracle,
De tous les grands bonheurs soit le seul naturel!
Le courage, la gloire et la bonté sublime
Exigent quelque effort dont on est orgueilleux,
Mais l'amour, d'un seul bond, atteint le haut des cimes,
Et s'unit au divin comme un regard aux cieux.
L’amour est humble, fier, jubilant, héroïque,
Il est la charité, car les amants entre eux
Quelle que soit leur grâce, ont la bonté tragique
De la sainte auprès du lépreux. […]
Les Forces Eternelles