24/11/2012

587. Chant de Daphnis - Chant de Chloe

Daphnis et Chloé est présenté sur les manuscrits comme un ensemble de « pastorales de Longus ». Tout ce que nous savons de Longus figure dans son œuvre : celui-ci se présente comme un chasseur découvrant par hasard, à Lesbos, un tableau dans un sanctuaire représentant l'allégorie de l'Amour. Il se le fait expliquer par un guide local, et décide aussitôt de composer un récit sur le même sujet.
Le roman, fortement inspiré par la poésie bucolique, et également par les Idylles de Théocrite, se déroule sur quatre livres. Le sujet de Daphnis et Chloé se distingue des autres romans grecs par son décor bucolique et l’ironie constante qui préside au déroulement de l’action. Celle-ci a lieu dans la campagne, près de la cité de Mytilène. Daphnis est un jeune chevrier, enfant trouvé. Chloé, quant à elle, une bergère, également enfant trouvée. Ils s’éprennent l’un de l’autre mais de multiples rebondissements les empêchent d’assouvir leur amour. C'est avant tout leur éducation sentimentale qui est décrite tout au long de ces péripéties. À la fin du roman, chacun retrouve ses véritables parents, et la noce peut avoir lieu. (Source Wikipédia)
























CHANT DE DAPHNIS

Ne reste pas distraite ainsi. Le plaisir veut
Que lentement l'esprit l'observe et le conçoive,
Et que le pied soyeux, l'épaule et les cheveux
Autant que le regard et les lèvres le boivent.

C'est un dieu susceptible et fier que le désir.
Sa suprême bonté de feu ne se hasarde
Que vers l'esprit soumis qui se laisse envahir,
Et dans son miel cuisant languissamment s'attarde.

Pauvres humains, fuyez les faibles vanités,
N'engagez pas vos jours dans de vaines parades,
Que resto-t-il aux morts, sinon d'avoir été
Un moment de la vie et de l'éternité,
Quand le corps attentif et l'âme par saccades
Atteignent à la volupté ?























CHANT DE CHLOE

Un brûlant frelon vient se pendre
Au mol clocheton d'une fleur.
Ils s'unissent : on peut entendre
Un bruit volant, vibrant, ronfleur.
C'est un baiser cuisant et tendre,
Et la fleur feint de se défendre
Contre la flambante rumeur
Qui distend sa grâce ténue...

Puis le frelon, léger, repart.
On croit voir voler dans la nue
L'âme jaspée du léopard,
Cependant que, dans son calice
Remué, déchiré, rêveur,
La docile et constante fleur
Retient un meurtrier délice.

L'insecte n'a pas tant d'ardeur
Que cette fleur qu'il vient de fendre.

O mon amour, peux-tu comprendre
Ce que c'est que la profondeur ?...

Les Forces Eternelles