Réjouissance du froid,
Sa secrète odeur métallique,
Quand les flots du vent dans les bois
Enflent de leurs clameurs épiques
Les grands branchages aux abois !
Le sol sec sonne sous les pas.
Clarté d'un matin de Décembre !
Le ciel est miroitant et plat.
D'un bleu fluide mêlé d'ambre.
— Et toujours la subtile odeur
De ce froid clair, aigu, moqueur,
Qui vient étreindre le visage !
— O beauté d'un froid paysage,
Fierté misérable du sol
Aride comme un dur rivage,
Cependant que, riant et fol,
Tout amusé de son aisance,
— Tel sous un jaune parasol
Un Japonais qui jongle et danse —
Le soleil, ce bel étranger,
Que le froid fait se rengorger,
Crépite, étincelle, s'ébroue,
Darde ses couteaux, fait la roue,
Ne peut pas être fatigué !
— Qu'il est insouciant et gai
Dans son ivresse solitaire.
Ce soleil de toute la terre.
Alors que le pâle Occident
Est déchiré à coups de dents
Par la rude et claire tempête !
Tout nous quitte !... Mais tout à coup
Un oiseau qui gonfle son cou
Semble proclamer à tue-tête.
Faisant face au cinglant éther.
Qu'il n'abandonne pas l'hiver !