17/11/2012

532. Matin de printemps

La pluie, enveloppante, ombrage
L'espace, les bois, la prairie,
Et forme sur le paysage
Une cage en verroterie.
C'est la pluie allègre d'avril,
Elle est mince, dansante et lâche
Comme des perles sur un fil.
Elle est joyeuse ! C'est sa tâche
De descendre en jets allongés,
De se glisser, de se loger
Dans les fentes et les entailles
Des bourgeons aux vertes écailles,
Acérés comme un dur métal.
— Soudain la voici qui s'arrête
Et qui suspend ses gouttelettes
Comme une glycine en cristal.
Déchaînant son étourderie,
Le vent, trébuchant et dansant,
Éparpille sur la prairie
Ses lambeaux d'air réjouissants.
Le soleil renaît, résolu.
— Que l'air est bon quand il a plu !
Le sol, que l'onde pénétrait,
Délivre ses parfums secrets :
Odeur de résines, de graines,
Fines essences souterraines,
Secs effluves des minéraux...
La vrille du chant d'un oiseau
Fouille le ciel et le perfore.
L'azur est peinturé d'aurore.
Jamais midi n'a tant brillé.
Tout éclate de bonne chance !
Un jardin, respirant, élance
Ses mois arômes vanillés.
Une poule, ivre de jactance.
Lasse, heureuse, les yeux cillés.
Adresse au poudroyant silence
Son long hoquet ensoleillé...

Les Forces Eternelles