19/11/2012

564. Espérance - Consolation - Plus je vis ö mon Dieu - Se peut-il Univers ? - Me sommeil

ESPERANCE


Soir moite et printanier qui fait que Ton espère...
— Espérer ! Vœu d'un vague et secret changement,
Immensité du cœur, qui pathétiquement
S'allonge comme un fleuve imprudent et prospère.

Espérer ! N'est-ce pas le plus intime accord
Avec la Destinée active et sensuelle ?
— O grand emportement du cri des hirondelles.
Vous étirez en moi vos déchirants transports ! —
Espérance, êtes-vous la nomade éternelle,
Et ce demi-désir rêveur d'être infidèle
A celui que l'on aime encor ?...

CONSOLATION

Réjouis-toi d'avoir tant souffert, car enfin
Toute fureur ayant son déclin, la détresse
Connaît aussi la lente et paisible paresse
Qui trouve son repos, et n'a ni soif ni faim.

Il n'est pas que la joie et l'espoir qui faiblissent,
La fringante douleur pâlit aussi. Comment
Ne pas goûter du moins, après tant de supplices,
L'absence de l'atroce et neuf étonnement ?

Car le pauvre être humain, instruit par la souffrance,
A l'espoir comme au deuil oppose un calme esprit,
L'infortune et la mort n'ont plus rien qui l'offense,
Et c'est vaincre le sort que n'être pas surpris...

PLUS JE VIS, Ô MON DIEU.

Plus je vis, ô mon Dieu, moins je peux exprimer
La force de mon cœur, l'infinité d'aimer,
Ce languissant ou bien ce bondissant orage ;
Je suis comme l'étable où entrent les rois Mages
Tenant entre leurs mains leurs cadeaux parfumés.
— Je suis cette humble porte ouverte sur le monde,
La nuit, l'air, les parfums et l'étoile m'inondent...

SE PEUT-IL, UNIVERS ….

Se peut-il, univers sans mémoire et sans voix,
Qui tires ton éclat de la ferveur humaine,
Qu'il te faille abolir ta triste énergumène,
Et que, te contenant, je me défasse en toi ?

— Jamais aucun mortel n'aura ces yeux qui tremblent
De plaisir et d'ardeur devant les feux du jour.
Privilège divin d'un formidable amour.
Je ne puis te léguer un cœur qui me ressemble !

INTERROGATION

Monde, mon regard où l'âme se condense,
Attache sur vos cieux, azurés ou nocturnes,
Cette immense prière ailée et taciturne
A qui vous ne rendez jamais que le silence.

Qu'importe ! Ai-je besoin, pour goûter l'avenir,
Que le sublime chant des astres argentés
Me livre le secret des vastes vérités ?
Je sais que tout sera, que rien ne peut finir.

Et je sens que l'espace avec mansuétude
Accueille mon regard que l'étendue obsède.
O monde, dont jamais mon cœur n’a l’habitude,
C'est par l'étonnement que l’homme vous possède !

LE SOMMEIL

Je ne puis sans souffrir voir un humain visage
Clore les yeux, dormir, et respirer si bas :
Un mystère m'étreint, j'ai peur, je ne sais pas
Pourquoi soudain cet être est devenu si sage,
Sans défense, lointain, hors de tous les débats...

— Ne ferme pas les yeux ! Se peut-il que je voie,
Mon unique enfant, ton clair et jeune corps
Tout plein de vive humeur, de bourrasque, de joie.
De colère, de feu, de raison et de torts,
Emprunter tout à coup, dans la paix qui te noie,
L'humble faiblesse, hélas ! et la bonté des morts !

Les Forces Eternelles