Je regarde la nuit, l'air est silencieux,
Nul bruit ne se perçoit, et cependant les cieux
Précipitent sans fin leurs univers sonores,
O Grande nuit de Pythagore !
Immensité mouvante et qui pourtant consent
A sembler familière au rêve du passant ;
Tu veux bien, sombre nuit, bleuâtre, échevelée
Par les feux épandus de ta force étoilée.
Ne paraître au regard anxieux des humains
Qu'un jardin violet où brillent des jasmins.
— O turbulente nuit, qu'importe que je meure,
C'est toi la spacieuse et fidèle demeure.
Tout ce qui se dissout est vers toi remonté,
Tu reprends les désirs, les bonheurs, les désastres,
Tu mêles les humains aux poussières des astres,
Par des siècles d'amour tes cieux sont habités,
De ton dôme infini nul souffle ne s'évade.
L'avenir cache en toi sa voix qui persuade.
— Tumultueux espace où rien n'est arrêté,
Tu n'es pas mon néant, mais mon éternité !
Les Forces Eternelles