06/04/2011

196. "Je ne me réjouis de rien"


Je ne me réjouis de rien, j'ai trop longtemps
Attendu le bonheur qu'enfin ton coeur me donne;
Je ne sais, quand la joie enfin sur moi s'étend,
Si je te remercie ou si je te pardonne...
J'ai gardé la fatigue et la stoïque peur
Du messager antique, entreprenant sa course
Sans savoir s'il mourra de soif ou de chaleur
Avant de rencontrer le platane ou la source.
- Et maintenant ton coeur s'est entr'ouvert au mien,
Tu m'aimes ! Mais il n'est plus temps qu'on me délivre.
Je porte un vague amour, plus grave et plus ancien,
Qui t'avait précédé, et ne peut pas te suivre.

Illustration : le Rhône à sa source (origine non connue)