07/04/2011

197. "Destin imprévisible"


Destin imprévisible, obscur dispensateur,
Qui répandez l'amour et les maux dans l'espace,
J'étais comme un chevreuil épuisé par la chasse,
Et pourtant je voulais goûter à ce bonheur!
Sachant ce qu'il en coûte et ce qu'il faut qu'on souffre
Quand la pauvre âme à peine effleure le plaisir,
Je rôdais cependant sur le bord de ce gouffre,
L'esprit bouleversé par l'immortel désir.
Plus chaud qu'une forêt où l'incendie avance,
L'Eros impitoyable appuyait sur mes yeux
Ses regards débordants, fermes, audacieux,
Qui semblent révéler le monde et la science.
Mais, ô Destin profond, maître des fronts brûlants,
Vous n'avez pas permis l'ineffable aventure,
Peut-être vouliez-vous m'épargner la torture
Dont tout humaine joie est le commencement.
Je vous entends, Destin, j'irai, paisible et lasse,
Sans le fol tremblement qui soulevait mon coeur.
Et c'est un témoignage infini de vos grâces
Que déjà vous m'ayez refusé le bonheur.