13/04/2011

271. "Hélas, il pleut sur toi"


Hélas, il pleut sur toi par delà les faubourgs,
Où ceux qui t'aimaient t'ont laissé, la mort venue,
Dans le froid cimetière où languit tout amour...
Et le fleuve effilé qui coule de la nue
Abat sur toi son bruit tambourinant et sourd!
Il pleut; moi je suis là, sous un abri de toile,
Dans mon jardin d'été, auprès de ma maison;
Je ne t'aperçois plus au bout de l'horizon,
O jeune mort dormant sous de funèbres voiles!
-Le bruit que fait la pluie en touchant les gazons
Semble, dans cette verte et sereine saison,
Un frais fourmillement qui tombe des étoiles...
Et le dédain que j'ai pour la vie usuelle,
Alors que ton esprit lumineux s'est enfui,
M'emplit d'un si lucide et pathétique ennui,
Que le monde mystique à mes sens se révèle,
Avec un évident et ténébreux coup d'aile,
Comme par ses parfums un jardin dans la nuit.